русская литература постсоветского периода 

 

littérature russe de la période post soviétique

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Azazel Boris Akounine

 

Dans le jardin Alexandre, à Moscou, ce beau jour de printemps 1876 est propice aux déclarations d’amour. Mais quand un étudiant se tire une balle devant la jeune qui vient de l’éconduire, l’heure n’est plus au badinage. Mis sur l’affaire, le nouveau fonctionnaire Eraste Fandorine ne va pas tarder à découvrir qu’il s’agit là du premier acte d’une sanglante série noire. Marqués par des disparitions inexplicables, ses débuts dans la police s’annoncent aussi périlleux qu’inoubliables…

« L’auteur nous offre du Gogol ou du Tolstoï à la sauce polar et réussit formidablement ses constructions à tiroirs. […] Le lecteur ne peut bouder son plaisir tant les parodies sont excellentes, les histoires épatantes, l’écriture remarquable. »

La guerre n'a pas un visage de femme Svetlana Alexievitch R ALE

 

La Seconde Guerre mondiale ne cessera jamais de se révéler dans toute son horreur. Derrière les faits d'armes, les atrocités du champ de bataille et les crimes monstrueux perpétrés à l'encontre des civils, se cache une autre réalité. Celle de milliers de femmes russes envoyées au front pour combattre l'ennemi nazi. Svetlana Alexievitch a consacré sept années de sa vie à recueillir des témoignages de femmes dont beaucoup étaient à l'époque à peine sorties de l'enfance. Après les premiers sentiments d'exaltation, on assiste, ou fil des récits, à un changement de ton radical, lorsque arrive l'épreuve fatidique du combat, accompagnée de son lot d'interrogations, de déchirements et de souffrances. Délaissant le silence dans lequel nombre d'entre elles ont trouvé refuge, ces femmes osent enfin formuler la guerre telle qu'elles l'ont vécue. Un recueil bouleversant des témoignages poignants.

Le sceau de Vladimir Elena Arsenava                    R ARS

 

Après l'Angleterre, l'Australie, l'Egypte… Grands Détectives conquiert de nouveaux espaces en explorant la Russie du XIe siècle à travers les aventures du boyard Artem, proche conseiller du prince Vladimir.

 

Un drame inaugure l'odyssée : le Garde des livres du prince de Rostov est assassiné au cours d'une mission à Zalessk. Vladimir l'avait chargé d'acquérir plusieurs livres grecs fort rares, allant jusqu'à lui confier son sceau personnel. Dérobé par les meurtriers, le sceau du prince peut se transformer entre leurs mains en une arme redoutable. Ce crime odieux devient dès lors une affaire d'Etat.

 

Fort de son expérience de guerrier et de son habileté diplomatique, Artem, chef des droujinniks, mène l'enquête. Ses investigations le conduiront dans les ruines Berendeï, lieu maudit selon une vieille croyance païenne, un lieux pourtant où Artem ne fera pas que de mauvaises rencontres….

 

Les enfants de Saint-Pétersbourg Sergueï Bolmat                     R BOL

 

C'est comme dans un film de Tarantino sauf que l'histoire se déroule à Saint-Petersbourg et que les héros s'appellent Marina, Kho, Borges ou encore Tioma. Ceux-là fréquentent les discothèques, apprécient le cinéma japonais alternatif, sucent des Chupa-Chups, portent des jeans Diesel, écrivent des poèmes et maquillent même des cadavres à la morgue pour arrondir leurs fins de mois. A la suite d'un quiproquo téléphonique, ils se retrouvent tous au centre d'un thriller électrique avec une commande de meurtre à la clé, et le jeu tourne vite au vinaigre.

La zone souvenirs d'un gardien de camp  Sergueï Dovlatov            R DOV

 

 

D'après Soljenitsyne, le camp est un enfer. Moi, je pense que l'enfer, c'est nous-mêmes... Ces souvenirs d'un gardien de camp montrent le caractère inextricablement paradoxal et comique du monde. Le monde des criminels de droit commun, où Dovlatov s'en alla monter la garde, après avoir été expulsé de l'université ; et le monde imaginaire des lettres écrites à son éditeur russe exilé à New York, dans lesquelles il raconte ses déboires pour faire publier La Zone, roman qui relate sa jeunesse soviétique et sa vie en exil. Comme un écho qui se répète entre le monde des hommes libres et l'univers des prisonniers, les histoires vécues à l'intérieur du camp de détention ne diffèrent guère de celles du monde extérieur. C'est pourquoi La Zone n'est pas un récit de prison. On y retrouve le regard amusé et triste du grand écrivain russe face à l'humanité avec laquelle il partage une expérience cruciale. Un monstrueux assassin devient ainsi un bon ami, comme on n'en trouve pas chez les honnêtes gens. Combien la limite est ténue, combien la différence est subtile entre la prison et la liberté, entre les Russes de l'URSS et les Russes en Amérique ! Et c'est avec un humour irrésistible, unique, que Dovlatov se moque de nous et de notre condition.

 

 

 

 

Le pingouin Andréï Kourkov                                                     R KOU

 

 

• Kiev, 1996. Victor, jeune auteur de nouvelles, vit seul avec un pingouin hérité du zoo en faillite. Il se voit confier la rédaction d'un fichier nécrologique pour un grand journal, avant que de mystérieux événements l'impliquent malgré lui dans une guerre entre clans mafieux. Pour connaître le déroulement et la fin de l'intrigue, il faut suivre le pingouin...

 

• Né en Russie en 1961, Andreï Kourkov vit à Kiev. Il commence sa carrière littéraire pendant son service militaire où il est gardien de prison à Odessa, l’emploi idéal pour écrire. Le Pingouin, traduit dans 21 langues, a remporté un succès international.

 

Des mille et une façons de quitter la Moldavie Vladimir Lortchenkov

R LOR

 

La Moldavie, on l'aime ou on la quitte.
À Larga, petit village misérable ou ne poussent guère que des trognons de choux, les habitants caressent tous cette merveilleuse idée : émigrer. Leur paradis terrestre ? L'Italie, ou les attendent prospérité et brunes incendiaires. Pour ce faire, rien n'est trop cher, ni trop fou : vendre un rein, transformer un tracteur en sous-marin, organiser une croisade religieuse ou apprendre le curling afin de décrocher un visa d'équipe nationale. Tout plutôt que de renoncer.
Et si la chance souriait aux audacieux ?

Je suis mort hier Alexandra Marinina                                                                         R MAR

 

 

A Moscou, un présentateur d'émissions télévisées apprend que sa femme a décidé de l'éliminer en engageant un tueur professionnel. Peu de temps après, ce sont deux de ses collègues qui disparaissent dans une voiture piégée... L'inspectrice Kamenskaïa se charge de l'enquête, tandis que sa vie semble partir à vau-l' eau. Aidée d'une juge d'instruction, elle plonge dans l'univers trouble de la mafia... et de la sorcellerie. Ex-criminologue, Alexandra Marinina pourrait être la cousine de Cornwell.

Sonietchka Ludmila Oulitskaïa

 

L’histoire commence dans la Russie de l’entre-deux guerre. Sonietchka est une femme peu gracieuse. La vie est dure, mais Sonietchka ne le voit pas. Elle a ses livres, qui lui offrent un refuge sûr. Elle se plonge dans les livres comme d’autres se plongent dans le jeu ou la boisson.

 

Les livres sont l’air qu’elle respire, ses jours et ses nuits, elle s’y perd, elle y vit, abolissant les frontières entre fiction et réalité. Avec un tel amour des livres, cela n’étonnera personne que Sonietchka trouve un emploi dans une bibliothèque, où elle passe ses journées enfermée dans le sous-sol, parmi les fiches, les catalogues, jamais rassasiée, jamais ennuyée, toujours heureuse. C’est là qu’elle recevra une demande en mariage, dans ce même sous-sol de bibliothèque, d’un peintre voyageur, libéré les camps de concentration. Et qu’elle l’acceptera. Le bonheur qu’elle vivra ensuite avec son mari, puis sa petite fille est tel que les livres passent au second plan. Malgré les difficultés, malgré les problèmes, elle reste éperdue de bonheur. Mais un jour, son univers s’effondre. Et tout naturellement, elle se tourne vers ses chers amis, ses livres. Elle s’y replongera pour ne pas voir son malheur, pour oublier et rester heureuse malgré tout.

 

Les sept trains de l'impératrice Roman Rijka

 

A l'époque contemporaine, dans un pays qui rappelle la Russie, Tatyana Duchesne, reporter à l'Écho de Parzb, doit couvrir la guerre civile qui déchire l'empire. Suite à la révolution, la famille impériale a disparu. Les rumeurs parlent d'assassinat. La journaliste s'efforce de faire la lumière sur son enlèvement. Mais le camarade commissaire Marlov, redoutable limier révolutionnaire, se dresse sur sa route. Prise entre les feux croisés des majoritaires, des légitimistes, des nationalistes et de bandes sans foi ni loi, elle va, seule, déjouer les complots.

Course poursuite à travers trois provinces dévastées par le conflit, Les Sept Trains de l'impératrice renferme des éléments satiriques modernes et brocarde nos sociétés occidentales.

Les enfants de l'Arbat Anatoli Rybakov

 

Moscou, 1934. Des jeunes gens de l'Arbat, quartier de l'intelligentsia moscovite, travaillent, étudient, s'amusent. Au même moment en Sibérie, parmi proscrits de la Révolution et koulaks déportés, vit Sacha, vingt-deux ans, qui fut lui aussi un enfant de l'Arbat.

 

Cependant, au Kremlin ou au bord de la mer Noire, Staline travaille, discute, médite l'assassinat de Kirov qui donnera le signal des grandes purges. Un Staline hallucinant, restitué par les vertus conjuguées de l'histoire et du roman.

 

Construit autour de plusieurs sujets développés en alternance, ce grandiose roman-fresque, commencé en 1966, paru en 1987 après des années de censure, a connu un énorme succès en U.R.S.S. avec un tirage de plus de deux millions d'exemplaires. Il a été traduit dans vingt-six pays.

 

Les petits coucous Anatoly Pristavkine

 

Les "petits coucous" de ce roman , eux, ont été rejetés hors du nid familial quelques années après leur naissance, déposés dans un foyer étranger et dotés d'un nom d'emprunt. Fils d'ennemis du peuple - une engeance qui, selon Staline, pullulait à tous les échelons de la société -, ils sont dès l'enfance considérés comme de dangereux suspects et donc sacrifiés. Mal nourris, mal vêtus, privés de liberté et d'une véritable éducation, ils ne peuvent que mal finir. Et ils finiront très mal.

En 1935, Staline avait adopté un décret autorisant l'application de la peine de mort aux enfants à partir de 12 ans. Un âge que n'atteignent même pas les héros d'Anatoly Pristavkine.

Sans jamais tomber dans le sentimentalisme, et sans jamais oublier la drôlerie cocasse de ces enfants débrouillards, l'auteur nous fait partager toute l'horreur de leur destin. Confrontés à des situations d'une inadmissible cruauté, ils réagissent avec le bon sens et la pureté de l'enfance. Témoins innocents, ils pointent un doigt accusateur en direction de tous les régimes totalitaires qui corrompent les âmes et forcent la raison à abdiquer.

 

 

 

L'étrangère aux yeux bleus Youri Rytkhèou

 

Roman d’amour pour un peuple à jamais perdu, destin fascinant d’une scientifique rattrapée par sa passion, constat lucide et sans concession des absurdités de l’histoire, ce livre est avant tout celui d’un écrivain tchouktche aux prises avec sa mémoire…
En 1947, Anna Odintsova arrive à Ouelen, petit village au bord du détroit de Béring. Diplômée de l’université d’ethnographie, l’étudiante vient réaliser son rêve : vivre au cœur d’une tribu nomade de la toundra pour étudier ces gens "de l’intérieur" et finaliser ainsi sa thèse de doctorat. Par chance, elle rencontre dès son arrivée un jeune Tchouktche. Séduite, fascinée ou intéressée, elle l’épouse et part vivre avec lui au sein de sa tribu.
Sous le regard impressionné des nomades, Anna s’adapte très rapidement, accepte toutes leurs traditions, leurs règles et parfois même leur rudesse pour devenir l’égale des autres femmes. Plusieurs années passent, Anna, devenue vraie femme de la toundra, oublie ses projets carriéristes, son attachement à la civilisation, mais en 1949 l’histoire la rattrape, les envoyés de Staline persécutent les nomades et s’emploient à ce que la Tchoukotka devienne une région de collectivisation totale. Pour Anna et sa tribu la vie bascule dans la fuite…
Envoûtant, tragique, ce roman est un véritable plaidoyer spirituel, celui des derniers chamanistes.

 

 

Les classiques

Coeur de chien Mikhail Boulgakov (Собачье сердце)

 

Quand Mikhaïl Boulgakov publie Coeur de chien en 1925, la Russie soviétique bénéficie d'une relative liberté créatrice avant la nuit noire du stalinisme qui s'annonce. En d'autres temps le sujet de son roman lui aurait valu quelques années de goulag. Que l'on en juge !

Un professeur greffe sur un chien ramassé dans les rues de Moscou l'hypophyse d'un individu qui vient de mourir. L'animal se métamorphose alors en un petit homme ivrogne, grossier et méchant : le donneur était un voyou alcoolique et sans scrupule. Et voilà le professeur harcelé et poursuivi par des comités étatiques et prolétariens en tout genre, guidés et fanatisés par le chien devenu homme. Et pire, homme de parti !

Comme toujours chez Boulgakov, l'irrationnel, la dérision et la folie rejoignent une réalité cauchemardesque. L'écrivain demeure le plus grand et le plus lucide des chroniqueurs satiriques de cette époque totalitaire et tragique.

Le Maître et Marguerite Mikhail Boulgakov (Мастер и Дейзи)

 

Dans le Moscou des années trente, deux écrivains discutent sur un banc, dans un jardin public. Jésus a-t-il réellement existé ? Tel est le thème de la discussion. Tout à coup, se produit un mouvement de l'air, et un personnage est là, assis sur le banc voisin, qui se mêle bientôt à leur conversation. Etranger ? Espion ? Ou intrus simplement ? L'inconnu montre ses papiers : il est en règle. Il est, dit-il, un professeur venu en consultation. Mais, curieusement, il a un don de vision et lit dans l'avenir. Peu après, l'un des écrivains meurt comme il l'avait prédit ; le second devient fou - c'était aussi prédit. L'inconnu, c'est le Diable, en visite dans le monde socialiste... Tel est le début de cet extraordinaire roman. Mais le début seulement. Car autour de Woland (c'est le nom qu'a pris le Diable), trois récits vont s'organiser et s'entre-tisser : la fantastique sarabande dans laquelle va être entraînée Moscou, et qui déchaînera presque une catastrophe nationale ; la rencontre, par l'écrivain devenu fou, à l'hôpital psychiatrique, du " Maître ", fou aussi, qui lui racontera son amour pour Marguerite ; l'histoire de Ponce-Pilate, écrite par le " Maître " (à la suite de quoi il est devenu fou). De l'un à l'autre de ces trois romans en un seul, l'intérêt, la surprise rebondissent sans arrêt. Mais une œuvre aussi riche ne se raconte pas...

Crime et châtiment  Fédor Dostoïevski (Преступление и наказание)

 

A Saint-Pétersbourg, en 1865, Raskolnikov, un jeune noble sombre et altier, renfermé mais aussi généreux, a interrompu ses études faute d’argent. Endetté auprès de sa logeuse qui lui loue une étroite mansarde, il se sent écrasé par sa pauvreté. Mais il se croit aussi appelé à un grand avenir et, dédaigneux de la loi morale, se pense fondé à commettre un crime : ce qu’il va faire bientôt – de manière crapuleuse. Publié en huit livraisons par Le Messager russe au cours de l’année 1866, le roman de Dostoïevski montre en Raskolnikov un témoin de la misère, de l’alcoolisme et de la prostitution que l’auteur décrit sans voiles, un criminel aussi qui ne sait trop pourquoi il l’est devenu, tant les raisons qu’il s’invente pour agir sont contradictoires. Mais la tragédie n’exclut pas la vision d’une vie lumineuse, et le châtiment de son crime va lui permettre un long cheminement vers la vérité, et la renonciation à sa mélancolie brutale. Après quoi sera possible ce que l’épilogue annonce : l’initiation de Raskolnikov à une réalité nouvelle, le passage d’un monde à un autre monde.

 

L'Idiot Fédor Dostoïevski (Идиот)

 

Le prince Muichkine arrive à Saint-Pétersbourg. Idiot de naissance parce qu'incapable d'agir, il est infiniment bon. Projeté dans un monde cupide, arriviste et passionnel, il l'illumine de son regard. Par sa générosité, tel le Christ, Léon Nicolaïevitch révélera le meilleur enfoui en chacun. La trop belle Anastasia, achetée cent mille roubles, retrouve la pureté, Gania Yvolguine le sens de l'honneur, et le sanglant Rogojine goûte, un instant, la fraternité. Dostoïevski voulait représenter l'homme positivement bon. Mais que peut-il face aux vices de la société, face à la passion ? Récit admirablement composé, riche en rebondissements extraordinaires, L'Idiot est à l'image de la Sainte Russie, vibrant et démesuré. Manifeste politique et credo de l'auteur, son œuvre a été et restera un livre phare, car son héros est l'homme tendu vers le bien mais harcelé par le mal.

 

La douce Fédor Dostoïevski (сладкий)

 

"Figurez-vous un mari dont la femme, une suicidée qui s'est jetée par la fenêtre il y a quelques heures, gît devant lui sur une table. Il est bouleversé et n'a pas encore eu le temps de rassembler ses pensées. Il marche de pièce en pièce et tente de donner un sens à ce qui vient de se produire."

 

Dostoïevski lui-même définit ainsi ce conte dont la violence imprécatoire est emblématique de son œuvre. Les interrogations et les tergiversations du mari, ancien officier congédié de l'armée, usurier hypocondriaque, retrouvent ici - grâce à la nouvelle traduction d'André Markowicz - une force peu commune.

 

 

 

Le joueur Fédor Dostoïevski (Игрок)

 

Le jeu brûle tout. Il est la passion. Il est le rêve.

L'enfer et la démesure. Le révélateur des abîmes de l'âme et l'ignoble concentré de la comédie bourgeoise. Il est l'argent !

Autour de ses tapis, le général déchu se fait l'esclave du marquis et attend le décès de la richissime Baboulinka, sa tante. Hypothèques... Héritages...

Intrigues... Corruption morale sur fond de bonnes manières. Qui donc résistera à ce tourbillon de folie ?

Dans ce désordre furieux, Alexis succombe à son tour au cancer du jeu. Le jeune précepteur veut séduire l'intraitable Pauline, belle-fille de son employeur. Il est pauvre et doit devenir riche.

Il veut surprendre et se tuerait pour ça.

Sur Roulettenbourg, ville d'eau paisible, souffle le vent du gâchis. Une tempête frénétique emportant les derniers fétus d'une vieille Europe en lambeaux...

Les nuits blanches Fédor Dostoïevski (бессонные ночи)

 

Les Nuits blanches, c'est d'abord un vrai roman d'amour. Un jeune homme solitaire et romanesque rencontre, une nuit, dans Petersbourg désert, une jeune fille éplorée. Désespérée par un chagrin d'amour, Nastenka se laisse aller au fantasme du jeune homme, amoureux depuis le premier instant, le berce - et se berce - dans l'illusion d'une flamme naissante...

Les frères Karamazov Fédor Dostoïevski (Братья Карамазовы)

 

Fiodor Pavlovitch Karamazov a été marié deux fois.

La première, avec une jeune et belle femme qui, en outre, avait une forte personnalité. Le couple eut un fils, Dmitri. La seconde, à nouveau avec une jeune et jolie femme qu'il finit par rendre tout à fait hystérique et qui mourut jeune, après lui avoir donné deux fils, Yvan puis Alexeï. Dès les premières pages, le narrateur décrit Fiodor Pavlovitch Karamazov comme un homme avare, buveur, dévergondé, bouffon, violent et voleur… Karamazov avait une constante : il oubliait totalement l’existence de ses enfants et ils furent élevés par un domestique qui les logea et les éleva jusqu'au moment où une autre personne vint les prendre pour s'en charger.

C’est à peine si Karamazov se rendait compte que ses enfants avaient quitté le domaine. Les frères ne se connaissent quasiment pas au début de cette histoire.

Et voilà que tout ce petit monde se retrouve tout à coup dans le village paternel et chacun avec des motifs différents. Dmitri, endetté, veut toucher son héritage maternel de la part de son père qui, bien sûr, tente de le flouer. Yvan, on ne sait trop ce qui l'a poussé à venir, si ce n'est une histoire de femme. Quant à Alexeï, il est venu attiré par le célèbre monastère du lieu et son staretz Sozime. Alexeï veut servir la religion et devient un proche du staretz Sozime (un staretz est une sorte de saint homme qui vit un peu en dehors de la communauté ecclésiastique qui l'abrite).

 

 

Les possédés Fédor Dostoïevski (Бесы)

 

Ce n’est pas seulement sa mère, la générale Stavroguine, ce n’est pas seulement son ancien précepteur, Stépane Trofimovitch, c’ est toute la ville qui attend l’arrivée de Nicolas, ce jeune homme séduisant, fascinant, inquiétant. Il a vécu dans la capitale, il a parcouru l’Europe ; on raconte sur lui d’étranges choses. Il arrive. De quels démons est-il accompagné ? Avant même la parution du roman en 1873, l’éditeur avait refusé de publier un chapitre jugé choquant, « La confession de Stavroguine ». Afin de mieux préserver l’architecture de l’ensemble, on l’a réintégré ici à la place qui était prévue pour lui au cœur du roman. On n’en comprend que mieux à quel point Les Démons est une formidable méditation sur Dieu et le suicide, sur le cabotinage et l’inaccessible authenticité, mais aussi sur le crime et la volonté de domination.

Polzounkov Fédor Dostoïevski (Ползунков)

 

Cette nouvelle, éditée par Babel à l'occasion de la re-traduction complète de Dostoïevski, conte l'histoire d'une corruption, d'un bouffon et d'une assemblée qui écoute le bouffon. Cette nouvelle reste ironique, efficace et on retrouve le vraie génie de Dostoïevski, grâce à la nouvelle traduction.

Nouvelles de Saint Pétersbourg Nicolaï Gogol (Петербургские повести)

 

Pétersbourg la ville où tout est de pierre, les maisons, les arbres, les habitants, cette ville des mirages que Gogol n'aimait pas et dont il dépeint l'envers avec un humour féroce. Visite iconoclaste du rêve de Pierre le Grand.

La mère Maxime Gorki (мать)

 

Portrait étonnant et fort d'une femme du peuple. Pélagie, l'humiliée, la sainte, va devenir le symbole à la fois de la misère et du courage. Face aux persécutions et aux déportations, elle relève le drapeau et reprend le combat de son fils, Paul, et de ses compagnons... Un roman dont la dimension féministe, et l'aspect précurseur, ont sans doute été méconnus.

 

 

Autres rivages Vladimir Nabokov (другим берегам)

 

Voici l'autobiographie de Vladimir Nabokov, dans l'édition révisée et augmentée parue aux États-Unis sous le titre "Speak, Memory, an Autobiography revisited" et comprenant la préface inédite de sa traduction russe. De toutes ses œuvres écrites en anglais, l'auteur n'a choisi de retraduire lui-même en russe que celles qui lui tenaient particulièrement à cœur : Lolita et Autres rivages. Livre nostalgique sur une Russie disparue, Autres rivages restitue avec une magie éblouissante l'enfance de l'auteur et son exil européen : «Comme le cosmos est petit (une poche de kangourou le contiendrait), comme il est dérisoire et piteux comparé à la conscience humaine, à un seul souvenir d'un individu et à son expression par des mots ! Peut-être suis-je attaché à l'excès à mes toutes premières impressions, mais après tout je leur dois de la reconnaissance. Elles m'ont montré le chemin d'un véritable Eden de sensations visuelles et tactiles.»

Le docteur Jivago Boris Pasternak (Доктор Живаго)

 

Né dans une riche famille de Moscou, orphelin de bonne heure, Iouri Andréiévitch Jivago étudie la médecine et se marie avec Antonia, une amie d'enfance. Lara est une "petite fille d'un autre milieu", qui s'arrache à l'emprise du séduisant protecteur de sa mère pour se refaire une vie droite. Parallèlement se prépare l'explosion révolutionnaire qui, avec la guerre, va orienter leur existence. Iouri et Lara s'étaient déjà croisés sans se connaître. Ils se rencontrent dans un hôpital et Iouri s'éprend de Lara. Réunis en 1917 par les hasards de la guerre civile, ils vivent un interlude de bonheur dont la fin brusquée brisera le docteur Jivago.

 

 

La fille du capitaine Alexandre Pouchkine (Капитанская дочка)

 

Nous sommes en 1773: en route pour un fortin perdu au milieu de la steppe, où il doit faire ses premières armes d'officier, Piotr Griniov voit surgir de la tempête de neige un vagabond dans lequel il reconnaîtra bientôt l'usurpateur Pougatchov. Les aventures alors s'enchaînent. Dans ce premier roman qui est l'un de ses derniers chefs-d'œuvre, et qui ouvre l'âge d'or de la prose russe du XIXe siècle, Pouchkine a réussi à camper, à travers un roman d'amour à l'ancienne mode, un tableau plein de saveur de la société russe de la fin du XVIIIe siècle, et surtout à mettre en scène une relation paradoxale, mais symbolique, entre un représentant de l'élite européanisée de la nouvelle Russie et un homme du peuple incarnant l'élément national turbulent dont il est, bon gré mal gré, l'héritier.

La dame de pique Alexandre Pouchkine (Пиковая дама)

 

 

On raconte à Saint-Pétersbourg que la vieille comtesse X*** possède un moyen infaillible de gagner au jeu. Pour s'enrichir et échapper à sa modeste condition, l'officier Hermann veut absolument connaître ce secret. Il est prêt à tout pour y parvenir : séduire la jeune Lisavéta Ivanovna, dame de compagnie de la comtesse, pénétrer de nuit dans le palais de la vieille dame, la menacer pour lui arracher l'aveu de son secret. Sa hardiesse sera-t-elle récompensée ?

La maison de Matriona Alexandre Soljenitsyne (Главная Матрена)

 

Après une dizaine d'années d'internement dans un désert poussiéreux et brûlant, Ignatitch éprouve un grand désir de fraîcheur, de tranquillité et de forêts bruissantes. À l'été 1956, il se rend au cœur de la vraie Russie et prend un poste de professeur de mathématiques dans le village de Talnavo. Une vieille femme, Matriona Vassilievna, accepte de l'héberger dans son isba. Dans le silence et le respect de l'autre, ils partageront leur maigre fortune et leur solitude. D'inspiration nettement autobiographique, cette longue nouvelle raconte le retour aux sources de l'auteur, la vie misérable de son peuple, incarné par une Matriona résignée et lasse et son exemplaire humanité. Écrit en 1959, La Maison de Matriona a paru dans la revue Novy Mir en 1963 et fut publié pour la première fois en France chez Julliard en 1966.

 

 

 

 

Le premier cercle Alexandre Soljenitsyne (Александр Исаевич)

 

" Quand on décrit les prisons, on s'attache toujours à en noircir les horreurs. N'est-ce pas encore pire quand il n'y a pas d'horreurs ? Quand l'atroce naît de la grisaille méthodique des semaines ? Et du fait qu'on oublie que la seule vie dont on dispose sur terre est brisée ? " Pour les zeks, détenus politiques qui peuplent les charachkas, ce premier cercle de l'enfer pénitentiaire, la notion de temps devient abstraite ; chaque jour, chaque heure, c'est la même chose. C'est le silence, l'ennui. L'art de la lenteur aussi, qui est souvent de rigueur quand on a une longue peine à purger. Les charachkas, c'est oublier qu'on est en vie. Sous la plume humaine et délicate d'Alexandre Soljenitsyne coulent des souvenirs douloureux. Avec un cynisme brûlant et une violence voilée, il décrit le régime concentrationnaire soviétique. Le Premier Cercle est un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature du XXe siècle.

Une journée d'Ivan Denissovitch Alexandre Soljenitsyne(Один день Ивана Денисовича)

 

Une journée d'Ivan Denissovitch, c'est celle du bagnard Ivan Denissovitch Choukhov, condamné à dix ans de camp de travail pour avoir été fait prisonnier au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le récit nous montre sa journée depuis le coup sur le rail suspendu dans la cour qui marque le lever, jusqu'au court répit du soir et au coucher, en passant par les longues procédures de comptage, la peur des fouilles, les bousculades au réfectoire, les travaux de maçonnerie par un froid terrible dans l'hiver kazakhe, les menues chances et malchances de la journée. Archétype du paysan russe moyen, Choukhov, homme humble et débrouillard en qui le bien fait encore son œuvre, a su se libérer intérieurement et même vaincre la dépersonnalisation que ses maîtres auraient voulu lui imposer en lui donnant son matricule. Le talent propre à Soljénitsyne, son don de vision interne des hommes apparaissent ici d'emblée dans une complète réussite : ce chef-d'œuvre à la structure classique restera dans toutes les anthologies du vingtième siècle comme le symbole littéraire de l'après-Staline.

La Cerisaie Anton Tchekov

 

A son retour de Paris, Lioubov Andreevna doit se rendre à l'évidence et, " ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, regarder la vérité en face ". Il lui faut vendre son domaine et, avec lui, la cerisaie qui en fait le raffinement et la beauté. La Cerisaie offre un tableau de l'aristocratie russe de la fin du XIXe siècle, vieillissante et inadaptée au monde moderne des marchands. Avec son écriture légère, son style enlevé - dont la nouvelle traduction d'André Markowicz et Françoise Morvan rend toute la saveur et le naturel -, c'est à la fois une partition théâtrale et une petite musique bouffonne, tragique, qu'a composées Tchekhov. Par cette œuvre incisive, Lopakhine le parvenu, Trofimov l'éternel étudiant sont devenus de véritables types de la littérature russe et du théâtre européen.

Deux hussards ou deux générations Léon Tolstoï (Два гусара или два поколения)

 

Deux générations traversent le XIXe siècle... La première est incarnée par Tourbine, noble officier de l'armée russe, qui séjourne par hasard dans une petite ville de province. Âme fougueuse et incorrigible Don Juan, il profite de cet intermède pour séduire une jolie veuve romantique, passer une nuit de débauche et sauver un jeune homme du déshonneur en lui restituant l'argent que celui-ci

avait perdu au jeu. Vingt ans plus tard, des circonstances similaires amènent le fils de Tourbine, lui aussi officier, dans la même ville de province. Hélas ! les choses ont bien changé en une génération,

et c'est un garçon insensible et calculateur qui prend pension chez cette veuve qu'avait aimée son père autrefois. Spoliant sans vergogne la pauvre femme, il tentera en outre de séduire sa fille, créature naïve et généreuse, par des promesses sans lendemain. Publié en 1856, Deux générations (ou Deux hussards) est un des premiers récits de Tolstoï. L'auteur, qui avait lui-même participé à plusieurs campagnes militaires, y décrit fort habilement deux représentants de cette noblesse russe, frivole et autoritaire, dont les défauts gâchaient, selon lui, toutes les qualités.

 

 

Anna Karénine Tolstoi

 

Anna n'est pas qu'une femme, qu'un splendide spécimen du sexe féminin, c'est une femme dotée d'un sens moral entier, tout d'un bloc, prédominant : tout ce qui fait partie de sa personne est important, a une intensité dramatique, et cela s'applique aussi bien à son amour.
Elle n'est pas, comme Emma Bovary, une rêveuse de province, une femme désenchantée qui court en rasant des murs croulants vers les lits d'amants interchangeables. Anna donne à Vronski toute sa vie.
Elle part vivre avec lui d'abord en Italie, puis dans les terres de la Russie centrale, bien que cette liaison « notoire » la stigmatise, aux yeux du monde immoral dans lequel elle évolue, comme une femme immorale. Anna scandalise la société hypocrite moins par sa liaison amoureuse que par son mépris affiché des conventions sociales.
"Avec Anna Karénine, Tolstoï atteint le comble de la perfection créative."
Vladimir Nabokov.

Guerre et Paix Léon Tolstoï (Война и мир)

 

1805 à Moscou, en ces temps de paix fragile, les Bolkonsky, les Rostov et les Bézoukhov constituent les personnages principaux d'une chronique familiale. Une fresque sociale où l'aristocratie, de Moscou à Saint-Pétersbourg, entre grandeur et misérabilisme, se prend au jeu de l'ambition sociale, des mesquineries, des premiers émois.

 

1812, la guerre éclate et peu à peu les personnages imaginaires évoluent au sein même des événements historiques. Le conte social, dépassant les ressorts de l'intrigue psychologique, prend une dimension d'épopée historique et se change en récit d'une époque. La "Guerre" selon Tolstoï, c'est celle menée contre Napoléon par l'armée d'Alexandre, c'est la bataille d'Austerlitz, l'invasion de la Russie, l'incendie de Moscou, puis la retraite des armées napoléoniennes.

 

Entre les deux romans de sa fresque, le portrait d'une classe sociale et le récit historique, Tolstoï tend une passerelle, livrant une réflexion philosophique sur le décalage de la volonté humaine aliénée à l'inéluctable marche de l'Histoire ou lorsque le destin façonne les hommes malgré eux

ROMANS SUR LA RUSSIE

Les justes Albert Camus

 

"En février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l'ont précédé et suivi font le sujet des Justes. Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on le verra d'ailleurs, que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J'ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai… La haine qui pesait sur ces âmes exceptionnelles comme une intolérable souffrance est devenue un système confortable. Raison de plus pour évoquer ces grandes ombres, leur juste révolte, leur fraternité difficile, les efforts démesurés qu'elles firent pour se mettre en accord avec le meurtre - et pour dire ainsi où est notre fidélité.» Albert Camus

L'étoile de Kostia Irène Cohen-Janca

 

L'Etoile de Kostia conte la vie d'adolescents dans l'URSS de la seconde moitié des années 80, entre l'arrivée de Gorbatchev et l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Irène Cohen-Janca, conservateur de bibliothèque dresse des portaits de jeunes qui envisagent leur avenir avec incertitude. Un contexte décourageant très peu abordé dans la littérature de jeunesse.

Une exécution ordinaire Marc Dugain

 

Au mois d’août de l’an 2000, un sous-marin nucléaire russe s’abîme dans des profondeurs accessibles de la mer de Barents. Vania Altman ferait partie des derniers survivants. Dans un port du cercle polaire, la famille Altman retient son souffle : elle risque une nouvelle fois de se heurter à la grande Histoire. Un demi-siècle après la mort de Staline, c’est désormais un ancien du KGB qui gouverne la Russie. Après nous avoir fait pénétrer dans les coulisses du FBI avec La malédiction d’Edgar, Marc Dugain offre ici une véritable fresque de la Russie contemporaine. Inspirée de faits réels, elle révèle le profond mépris pour la vie manifesté par les gardiens paranoïaques de l’empire russe.

 

Le front russe   Jean-Claude Lalumière

 

«On vous envoie sur le front russe ! C'est vache pour un nouveau.»

 

Le grain de sable, on croit le connaître, mais il peut prendre bien des aspects. Celui qui vient soudainement gripper la carrière de fonctionnaire diplomatique, benoîte et prévisible, du héros du Front russe, formé à l'exotisme par une lecture méticuleuse de Géo, adopte celle d'un attaché-case. Grande chose noire et anguleuse, cadeau de maman. À l'heure de l'entrée en fonctions, un chef de service vient y donner du genou. En découle une lésion au front assortie d'une mutation sèche, aux confins de l'empire, sur le «front russe», service voué au «pays en voie de création - section Europe de l'Est et Sibérie». Usant de cette officine diplomatique (située dans le néo-XIIIe, «sorte de Broadway faussement high-tech») comme base opérationnelle, notre homme va répondre à une rare vocation de gaffeur lunaire et de planificateur de catastrophes, plus désopilantes les unes que les autres, qui renforceront l'exil de notre homme sur le « front russe », entre Boutinot, le chef de service, Aline, fugace maîtresse et quelques collègues improbables. Notre homme, frustré dans son désir d'horizon («J'avais l'impression d'être loin sans être ailleurs»), se résignera à ce bout de quai qu'est sa carrière de fonctionnaire («Je vis et il ne se passe rien»). Mot de la fin, signé du même : «L'histoire d'une vie, c'est toujours l'histoire d'un échec». Le livre, lui, est une vraie réussite... Rire garanti...

 

Le testament français Andreï Makine

 

" Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible [...]. Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière [...]. Elle pousserait la forte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : " C'est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie. "

 

 

Bon baiser du goulag : Secrets de famille Christian Millau

 

" Dis, grand-mère, c'est grave, d'être russe ? - Mon petit, les Russes ne sont pas méchants, me répondait ma grand-mère de Moscou. Juste un peu sauvages. " Ces paroles me sont restées dans la mémoire comme les ritournelles qu'on apprend à sept ans. Soixante ans plus tard, tel le saumon, j'ai éprouvé le besoin impérieux de remonter la rivière. J'ai alors plongé, au cœur de la mer Blanche, dans la beauté mortelle de l'archipel du goulag ; là où, pour les besoins de la propagande soviétique, on a fait danser des femmes déportées dans des robes à fleurs de fusillées et où le visiteur aurait pu signer une carte postale avec ces mots " Bons baisers du goulag. " La Russie soviétique venait d'éclater comme une grenade trop mûre et je croyais ouvrir un album de famille, embaumé de l'encens de la cathédrale russe de la rue Daru et du parfum des desserts d'Anouchka, ma mère. Parti sur les traces évanouies de mes ancêtres, je me suis gorgé des couleurs du Moscou des tsars, j'ai vagabondé dans les grandes plaines de la Baltique derrière les corps-francs de la vieille Prusse et les Partisans à l'étoile rouge, j'ai croisé les bourreaux en chemise brune et reconnu les miens parmi leurs victimes, je me suis fait ouvrir les tiroirs du KGB et j'ai découvert de surprenants secrets de famille. Des années de quête pour faire surgir un siècle d'histoire européenne, un grand-père chargé de mystère, des rescapés bien vivants, et trouver au bout de la nuit la joie de vivre et d'espérer. " Christian Millau

La fille d'un héros de l'Union soviétique Andreï Makine

 

«Il semblait que le monde allait tressaillir et qu'une fête sans fin allait commencer ici et sur la terre entière.»Olia est née, un jour de novembre, dans cette atmosphère de liesse de l'après-guerre où tout paraît possible.Mais les rêves que construit Ivan, le héros décoré de l'Étoile d'or de l'Union soviétique, à la naissance de sa fille ne sont qu'illusions.Dans ce premier roman, Andreï Makine brosse le portrait d'une génération perdue, dans une langue superbe de vérité.

 

Aliocha Henri Troyat

 

Russe à la maison et français au lycée: n'est-ce pas une situation difficile pour un enfant de quatorze ans ? Par chance, un camarade de classe, Thierry Gozelin, va amener Alexis Krapivine à s'accepter tel qu'il est, riche de deux mondes et de deux natures.

Bons élèves, passionnés de littérature, rien d'autre qu'eux-mêmes ne paraît intéresser Thierry et Aliocha. En les rapprochant, la santé précaire de l'un, le passé russe de l'autre en font des amis "pour l'éternité".

Le complot : l'histoire secrète des protocoles des sages de Sion Will Eisner           BD EIS

 

Comment un texte inventé de toutes pièces peut-il circuler depuis cent ans et provoquer des revirements politiques fracassants ? Will Eisner retrace avec génie toute l'histoire de ce faux " complot juif " monté au début du XXe siècle pour attiser l'antisémitisme régnant en Europe et en Russie : les Protocoles des Sages de Sion justifient les pires intentions, et leur diffusion connaît un succès retentissant avant et pendant la Première Guerre mondiale. Un journaliste britannique du Times découvre la supercherie en 1921 : les Protocoles sont une copie presque conforme d'un obscur traité anti-bonapartiste, les Dialogues aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, écrit par un dissident

français en exil. Les " auteurs " des Protocoles n'ont eu qu'à remplacer les bonapartistes par les Juifs et le mot " France " par " le monde "... On connaît donc la vérité mais rien n'y fait : les Protocoles sont utilisés par Hitler, le Ku Klux Klan et trouvent encore aujourd'hui des millions de lecteurs dans les pays arabes. Surpris par le destin insolite de ce plagiat, Eisner nous raconte son histoire avec un coup de crayon très expressif, drôle et noir, ironique et inquiétant. Des cadrages audacieux, d'impressionnantes pages titres, pour mieux dénoncer un mensonge qui sert la haine et l'antisémitisme.

Documents

La pellicule et les ciseaux : La censure dans le cinéma soviétique du Dégel à la perestroïka  Martine Godet

 

Les coulisses politiques du cinéma soviétique de la mort de Staline à Gorbatchev. 1953 : avec la mort de Staline s'achève l'ère du " réalisme socialiste " soviétique. L'étau se desserre enfin sur la production cinématographique. À l'interdiction brutale et spectaculaire longtemps pratiquée par le " petit père des peuples ", se substitue une forme de censure subtile et complexe. Pourquoi certains films ne représentant rien de répréhensible sont-ils censurés, tandis que d'autres, plus subversifs, sont réalisés ? Martine Godet signe la première étude de fond sur cette gestion politique de l'image par un régime autoritaire en crise. Dans les années 1960-1970, après le dégel kroutchevien, une nouvelle vague de répression s'abat sur les réalisateurs. Certains films resteront bloqués des années durant : La Commissaire d'A Askoldov (1967), La Vérification d'A Guerman (1971), Longs adieux de K Mouratova (1971)... Et les cinéastes joueront un rôle de premier plan dans la perestroïka. dont le coup d'envoi sera donné par l'incroyable V. congrès de l'Union des cinéastes, en mai 1986, qui décide la suppression de toute censure à l'écran. Une fresque passionnante sur le septième art soviétique à une période charnière de son histoire.