FAITS DE SOCIÉTÉ

 

Sélection de romans ayant pour sujet des faits de société (harcèlement, suicide, travail des enfants, immigration...)

La messe anniversaire Olivier Adam

 

Caroline n'existe plus que dans nos têtes, dans nos souvenirs et dans nos larmes.
Caroline est morte. Il y a un an déjà. Elle avait quinze ans quand sa vie a basculé. Ça s'est passé lors d'une fête entre copains. Elle était là, bien vivante. Et la seconde d'après, elle n'était plus qu'un corps désarticulé sur le béton. Depuis, chacun de ses amis témoins de la scène, apprivoise sa peine, vaille que vaille, dans son coin. Et la vie continue. Il y a Titou, qui déraille un peu, Sophie, qui refuse d'oublier de peur de trahir ; Nico, l'ami d'enfance, celui du premier baiser ; Marilou qui a déménagé et refait sa vie; Alex qui essaie de vivre pleinement et tout de suite, malgré la culpabilité...

Chacun d'entre eux vient de recevoir par la poste un carton d'invitation frappé d'une petite croix grise. Ils sont invités samedi à la messe anniversaire et vont se retrouver après un an de deuil.

Cacao Jorge Amado

 

Devant faire face à la ruine de sa famille après la mort de son père, le jeune Sergipano quitte sa ville natale. Direction le sud de l'État de Bahia, au Brésil, où il sera ouvrier dans les plantations de cacao... Ses rêves de richesse seront vite déçus: parmi les vieux paysans et les petits artisans, il connaîtra la détresse et l'injustice. Publié en 1933, ce roman de jeunesse du plus célèbre des écrivains brésiliens fait entendre avec force la voix des humbles en lutte pour un avenir meilleur.

Quatrième étage Nicolas Ancion

 

Il y a des jumeaux albanais dans la cuisine. À cette heure-ci, les d’Anchuso occupent la salle de bains. C’est une gare, cet appartement. Au fil des années, Thomas a dû faire avec : accepter ces pensionnaires qu’un propriétaire avide lui impose en guise de loyer. Car Thomas est aux abois. Sa femme, Marie, qui ignore tout de sa situation, garde le lit depuis des lustres. Malade. Alors, Thomas lui cache leur misère comme il peut. Cette chambre, au quatrième étage, c’est un havre, un cocon assiégé. Il lui raconte des histoires. Celle de Toni, qui n’eut pas de chance et, de plein fouet, percuta un bus. Celle de son ami Serge qui vola une camionnette de police. Joua au plombier amateur. Rencontra deux vieilles dames et un ours. Monta au quatrième étage et rencontra Marie… Au quatrième étage.

Journal d'un loser Jesse Andrews

 

Au lycée, Greg est transparent. Il ne fait partie ni des sportifs, ni des gothiques, ni des intellos, ni des camés, ni des théâtreux, et encore moins des musicos... Quant aux filles, n'en parlons pas : voilà une espèce alien dont il vaut mieux éviter de s'approcher. Bref, Greg vit sa dernière année de lycée comme un soulagement cosmique. Erreur. Sa mère s'apprête à lui faire vivre un cauchemar en lui ordonnant de tenir compagnie à une de ses anciennes camarades de classe (moche), Rachel, atteinte d'une leucémie. Greg et son acolyte Earl, aussi loser que lui, vont se métamorphoser en héros pour lui redonner le sourire.

D'acier Silvia Avallone

 

Il y a la Méditerranée, la lumière, l’île d’Elbe au loin. Mais ce n’est pas un lieu de vacances. C’est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlettes de la télévision. De quoi oublier les conditions de travail à l’aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires, le délitement environnant… Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d’évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s’emparer de l’avenir.

Ma réputation Gaël Aymon

 

Laura, 15 ans, préfère la compagnie des garçons, celle de Jimmy, Sofiane et Théo. Les mimiques travaillées, les soirées filles, c’est pas trop son truc. Mais lorsqu’elle repousse les avances de Sofiane, ses amis lui tournent le dos et Laura se retrouve isolée et vulnérable. Seule en cours, seule au self, seule dans les couloirs. Les pires ragots circulent à son sujet sur les réseaux sociaux, la rumeur enfle et l’isolement de Laura grandit. Jusqu’à sa rencontre avec Joséphine, élève solitaire et marginale comme elle, qui va l’aider à relever la tête et à dénoncer le harcèlement dont elle est victime.

 

 

L'accident Agnès Aziza

 

Vanessa, 15 ans, se souvient du jour où son frère a eu un accident de scooter. Après une dispute au petit déjeuner elle quitte la maison fâchée pour se rendre au collège où son père viendra la chercher quelques heures plus tard. Henri a été renversé par une voiture, les médecins sont en train de l'opérer. Vanessa peine à comprendre entourée de ses grands-parents avant que le pire n'advienne : Henri ne s'est pas réveillé, son coeur à lâché. Il lui faut alors affronter l'inacceptable et comprendre que la mort fait aussi partie de la vie.

L'exécution Robert Badinter

 

L'Exécution est un livre de Robert Badinter paru en 1973 et relatant le procès de Claude Buffet et Roger Bontems, qui les mena tous les deux à la guillotine, alors que Bontems n'avait jamais tué.
 Robert Badinter, avocat de Roger Bontems, disposait d'une preuve matérielle disculpant Bontems du meurtre : le couteau de ce dernier, un Opinel, qui ne correspondait pas aux marques laissées sur le cou des victimes. Mais le rapport d'expert attestant ce fait était frappé de nullité par faute d'un vice de forme, de sorte que Robert Badinter ne pouvait en faire état lors du procès sans encourir une sanction disciplinaire. Il le fit néanmoins.
Le jury reconnut finalement que c'était bien Buffet qui avait tué les deux otages, mais n'accorda de circonstances atténuantes à aucun des deux accusés, ce qui signifiait la mort. La grâce présidentielle fut refusée. L'assassin et le complice furent donc exécutés le 28 novembre 1972.
Cette injustice — « on n'exécute pas celui qui n'a pas tué » — le révolta et le poussa à combattre la peine de mort, combat relaté dans son livre L'Abolition.

L'abolition Robert Badinter

 

Son nom est lié à la peine de mort. Robert Badinter, avocat, ministre de François Mitterrand et ultérieurement président du Conseil constitutionnel, a fait plier la Constitution. Pour que des cas comme ceux de Buffet et Bontems n'existent plus. Leur exécution, le 24 novembre 1972, transforme Robert Badinter qui devient "un adversaire irréductible de la peine de mort."

1972-1981, une décennie consacrée à une lutte qui ne plait pas à tous.

Contre : Valéry Giscard d'Estaing, dans la ligne droite de Pompidou.

Pour : François Mitterrand.

Lutte politique "car jamais l'abolition n'interviendrait sans une volonté présidentielle" et judiciaire "car il y aurait encore bien des procès où se jouerait la vie de l'accusé".

Au-delà d'un simple récit, L'Abolition permet de mieux comprendre un homme, avec ses émotions, ses peurs et ses moments de doute, qui a pour seule arme sa robe d'avocat. Ce livre n'est pas un cours d'histoire sur l'abolition. C'est l'histoire de l'abolition vue de l'intérieur. Robert Badinter signe un témoignage poignant. Symbole d'un combat très personnel.

Face à l'homme blanc James Baldwin

 

Les nouvelles qui composent ce recueil furent écrites à des périodes différentes de la vie de Baldwin, mais un thème commun les relie : c'est la difficulté d'un Noir à vivre dans l'Amérique contemporaine. Difficulté qui prend diverses formes : une jeune Noire s'attend à ce que son amant blanc la quitte ; un chanteur noir, marié à une Suédoise, s'apprête à rentrer aux États-Unis et redoute ce retour ; un agent de police blanc se remémore en détail la mutilation et le lynchage d'un Noir dans une ville du Sud...
Face à l'homme blanc est une mise en accusation de la démocratie américaine. James Baldwin va droit au fait avec une lucidité et une dureté parfois douloureuses.

Les petites reines Clémentine Beauvais

Pour la troisième année consécutive, Mireille a été élue Boudin sur la page Facebook de son collège de Bourg-en-Bresse, la bonne nouvelle c'est qu'elle est boudin de bronze et qu'elle a été dépassée par Hakima et Astrid. Mireille gère plutôt bien ce « prix », surtout qu'il est attribué par un de ses amis d'enfance, Malo. Elle est dotée d'un solide sens de l'humour et d'analyse et plutôt que de se laisser troubler, elle préfère en rajouter en se rabaissant un peu plus. En revanche, ce n'est pas aussi facile pour ses deux nouvelles compagnes de la honte. Mireille décide donc de prendre les choses en main. Elle propose à Hakima et Astrid de se rendre ensemble à Paris (où elle veut être arrivée le 14 juillet pour des raisons personnelles), de faire le voyage à vélo et de le financer en vendant du boudin sur la route. Ce qui avait commencé comme une espèce de boutade va se concrétiser grâce à la volonté des trois filles et de leur accompagnant, Kader, le grand frère de Hakima en chaise roulante. Les voilà partis pour leur « tour de France ». Au fil des étapes, les médias vont s'emparer de l'aventure. Les quatre compagnons d'infortune vont faire le buzz un peu malgré eux au début puis ils réussiront à prendre le contrôle de leur notoriété et même à se jouer de leurs « followers ».

Le gône du Chaâba Azouz Begag

 

Le Chaâba ? Un bidonville au bord du Rhône, près de Lyon, il n'y a pas si longtemps... Un amas de baraques en bois, trop vite bâties par ces immigrants qui ont fui la misère algérienne. Ici comme ailleurs, les éclats de rire des enfants résonnent dès le lever du soleil. Les " gones " se lavent à l'eau du puits et font leurs devoirs à même la terre. Mais chaque matin, ils enfilent leurs souliers pour se rendre à l'école avec les autres... Là, derrière les mots inscrits sur le cahier d'écriture, de nouveaux horizons apparaissent. Un monde de connaissances, de rêves et d'espoirs à découvrir. Premier roman d'Azouz Begag, Le Gone du Chaâba a connu un succès considérable et a été adapté au cinéma par Christophe Ruggia, en 1997.
Azouz Begag fut ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances du 2 juin 2005 au 5 avril 2007 dans le gouvernement Dominique de Villepin.

Quand on est mort, c'est pour toute la vie Azouz Begag

 

Mourad meurt assassiné par un chauffeur de taxi à qui il n'avait pas réglé sa course. Son frère, Amar, plein de colère décide de retourner dans son Algérie natale. Là-bas, au cours d'un périple en car, il fait des retrouvailles douloureuses avec son pays. L'odeur, l'allure, l'égoïsme, la suspicion de ses concitoyens le bouleversent autant que l'arbitraire des contrôles et des décisions de police en plein désert...Immigré en France, immigré dans son propre pays, où se sentir bien ?

XXL Julia Bell

 

Le poids a toujours été un sujet épineux pour Carmen. Rien de surprenant : sa propre mère lui répète comme une litanie qu'être mince, c'est être belle; c'est réussir dans la vie ; c'est obtenir tout ce qu'on veut. Alors c'est simple : sa fille sera mince. Quel qu'en soit le prix.

"- Si j'étais grosse comme ça, je me tuerais, dit Maman en montrant une photo de Marilyn Monroe dans un magazine.

Je suis dans la cuisine, en train de faire griller mon pain. Maman achète toujours du « sans sel ». Son nouveau régime l'autorise à en prendre deux tranches, avec 30 grammes de « Spécial K » et du lait écrémé.

- Tu me le dirais, n'est-ce pas ? Je veux dire, si j'étais aussi grosse ? Je la regarde. Ses os saillent à travers ses vêtements.

- Bien sûr, je mens. Elle me regarde étaler la margarine allégée sur mes tartines.- N'en mets pas autant, Carmen."

On l'aura compris, ce texte traite de l'anorexie. Mais d'une façon peu commune, tant l'auteur fait écho dans nos vies.C'est la descente lente mais irrémédiable vers l'anorexie que l'auteur décrit.
Dès la première phrase du livre, le ton est donné : la mère est en train de sombrer, et va entraîner sa fille avec elle.C'est ici que repose la force et l'originalité de ce texte : Julia Bell choisit en effet d'aborder le problème de la nourriture à travers 3 générations. La grand-mère, obèse, végète devant la télé et compense la médiocrité de sa vie par la nourriture. Elle ne parle, ne vit, ne pense que pour manger. Sa fille, la mère de l'héroïne, réagit en contrepoint : elle est maigre, refuse de se nourrir et pire, refuse que sa propre fille se nourrisse. Et enfin Carmen, déchirée entre sa soif de vie c'est une adolescente comme les autres et son envie de correspondre aux schémas inculqués par sa mère.Un récit bouleversant, qui bouscule les idées reçues, et qui clame haut et fort à quel point les enfants ont besoin de leurs parents pour se sentir beaux.

La femme qui se cognait dans les portes Roddy Doyle

 

Paula Spencer, trente-neuf ans, s'est cognée dans les portes pendant dix-sept ans... Battue, humiliée, et toujours amoureuse de son bourreau, elle a dilué ses peurs dans l'alcool pendant toutes ces années. Aujourd'hui, elle souhaite recouvrer une dignité et, mue par ce besoin de s'expliquer, de se justifier et de rêver un peu... elle nous raconte sa vie : sa famille, son adolescence, son mariage à dix-huit ans avec Charlo, la naissance de ses enfants, sa séparation ; le tout rythmé par les tubes des années 1970 qui passent sur le transistor.

Ce roman âpre, écrit dans un style nerveux, direct et spontané, dénonce en effet un univers de souffrance, de misère et de violence. Mais c'est aussi un roman drôle, plein de force et de vie. Avant d'écrire La femme qui se cognait dans les portes, Roddy Doyle s'était déjà penché sur le thème de la violence conjugale – que l'on entrevoit dans Paddy Clarke Ha ! Ha ! Ha ! Au cours de ses recherches et pendant l'écriture du roman, il s'est senti de plus en plus démuni et désolé pour son personnage. Le résultat est d'une humanité percutante.

Encore Hakan Gunday

 

« Les clandestins montaient dans la caisse du camion et, après un voyage de deux cents kilomètres, ils montaient à bord des bateaux et se perdaient dans la nuit… »

Gazâ vit sur les bords de la mer Egée. Il a 9 ans quand, à peine sorti de l’école, il devient passeur de clandestins. Il travaille avec son père Ahad, ainsi que les frères Harmin et Dordor, commandants des bateaux qui emmènent les migrants en Grèce. Pendant des années, Gazâ et Ahad entreposent dans un dépôt cette marchandise humaine, ces individus qui viennent de parcourir plusieurs milliers de kilomètres. Jusqu’au jour où Gazâ cause la mort d’un jeune Afghan du nom de Cuma, le seul être humain qui ait fait preuve d’un peu d’humanité envers lui. Dès lors, dans ce monde violent et désabusé, Gâza ne cesse de penser à Cuma et conserve précieusement la grenouille en papier qu’il lui avait donnée – ce qui n’empêche pas Gazâ de transformer le dépôt en terrain d’observation des dynamiques de domination et de devenir le tortionnaire des clandestins qui ont le malheur de tomber entre ses mains. Cependant, un soir, tout bascule et c’est désormais à lui de trouver comment survivre…

Mauvaise connexion Jo Witek

 

Julie a quatorze ans et des paillettes plein la tête. Avec son amie Katia, elles jouent au mannequin, se photographient, font des défilés de mode. Julie s’inscrit un soir sur un site de tchat. Elle devient Marilou, se vieillit de 4 ans et y rencontre un certain Laurent, qui se dit photographe de mode. Le poisson est ferré et c’est l’engrenage. Julie tombe amoureuse de Laurent, perd ses amis, ment à sa mère, s’enferme et s’immerge totalement dans cette relation virtuelle, y passe ses nuits et se traîne le jour. Laurent l’oblige peu à peu à se dévêtir, il la photographie via la webcam, il la menace. Julie n’en peut plus, elle se dégoûte, elle se sent violée, mais elle ne peut s’empêcher de continuer. Elle n’ose pas en parler à ses parents, tant elle se sent meurtrie et salie.

 

 

 La Barbe Omar Benlaala

 

Omar retrace dans ce livre un itinéraire précurseur, le sien : comment, jeune Français d’origine algérienne, il est devenu, au milieu des années 1990, l’un des premiers « barbus ». Il raconte les étapes successives de sa quête d’identité : décrochage scolaire, apprentissage accéléré de l’islam dans les mosquées de la région parisienne, voyages initiatiques à travers le monde, puis défonce sur les pistes de danse. Au terme de ces expériences, il trouve finalement son équilibre dans une pratique spirituelle apaisée. Il y a dix ans, alors qu’un nombre croissant de jeunes font le choix de l’islamisme, Omar coupe sa barbe et redevient invisible. Commence alors pour lui une nouvelle quête, ne visant plus ni l’absolu ni la distinction, celle du calme intérieur. Le parcours singulier d’Omar aide à comprendre celui d’autres jeunes qui, aujourd’hui, se cherchent dans la religion.

"N’ayant jamais mis les pieds dans une mosquée, je ne savais pas ce que j’allais y trouver. Mais parfaitement ce que je fuyais."