BIBLIOGRAPHIE ALLEMAND

AUTEURS DE LANGUE ALLEMANDE

Flèche haut Flèche bas

La grimace Heinrich Böll

 

"Je suis clown. Désignation professionnelle : "artiste comique"." Ainsi s'exprime Hans Schnier, rejeton d'une famille protestante allemande qui, depuis sa dixième année, n'a pas cédé d'un pouce aux hypocrisies de la société allemande. Vagabond de l'après-guerre, il évoque la figure de Marie, seule femme qu'il ait jamais désirée, et qui l'a quitté pour mener une vie d'une consternante banalité. Il relate sa propre déchéance, et fustige les protestants, les catholiques, les athées, les collaborateurs passifs du régime hitlérien reconvertis dans les œuvres de charité ; la bourgeoisie allemande de l'ère Adenauer, et tous les modus vivendi adoptés par un peuple pour étouffer la violence de sa propre histoire.

 

L'honneur perdu de Katharina Blum ou Comment peut naître la violence et où elle peut conduire Heinrich Böll

 

L'action se situe à Cologne, la ville natale de l'auteur, durant le carnaval de 1974. Chez des amis, Katharina Blum, une jeune femme divorcée, fait la connaissance d'un homme recherché pour ses activités terroristes. Elle l'héberge pour la nuit et se trouve dès lors prise dans un terrible engrenage. Arrêtée et interrogée sans ménagements par la police, elle est relâchée quatre jours plus tard. Mais ce délai a suffi pour que la presse à sensation s'empare de l'information, étale à longueur de colonnes la vie privée de la jeune femme et crée une véritable affaire, dans le climat de psychose lié au terrorisme qui règne alors en Allemagne. Bafouée, irrémédiablement salie, Katharina abat le journaliste Werner Tötges, principal instigateur de la campagne de presse, avant de se livrer à la police.

La Mort de Lohengrin Heinrich Böll

 

" La pitié, la générosité pénètrent le livre qui nous laisse un réconfortant souvenir. C'est que M. Bill fait toujours appel à notre sensibilité profonde, qu'il croit aux valeurs proprement humaines et que son art est étonnamment émouvant. Comment s'y prend-il ? C'est là son secret. L'essentiel est que l'auteur crée l'illusion, qu'il paraisse naturel, désinvolte, qu'il trouve le ton pour vous introduire au coeur de ces drames privés, et pour nous y associer. A défaut de la communion des saints, il nous propose la communion des hommes. "

 

 

Chien blême Heinrich Böll

 

Après Le Silence de l'ange, premier roman de Heinrich Böll, inédit jusqu'en 1992, Chien blême réunit d'autres inédits posthumes, tous antérieurs à 1950 : l'écrivain encore hanté par ce qu'il avait vu et vécu pendant le conflit mondial, se heurtait alors à une société qui faisait de l'oubli la condition de sa reconstruction.

Le présent recueil apporte un éclairage précieux sur cette période. De la brutalité nazie à la force rédemptrice de l'amour, en passant par l'aspiration à la liberté par la désertion, Heinrich Böll est déjà là, tout entier, à scruter le comportement des hommes placés dans des circonstances exceptionnelles.

Il se révèle déjà un maître de la « forme brève », capable de condenser en quelques pages avec une ironie cinglante l'absurdité de la guerre ou l'immoralité du capitalisme.

 

 

 

 

Aventures du Baron de Münchhausen Gottfried August Bürger

 

Karl Friedrich Hiéronymus, baron de Münchhausen, a bel et bien existé (1720-1797). Officier allemand à la solde des Russes, il combattit les Turcs en 1740. Certainement nostalgique de ses exploits, il s’amusa à les raconter avec force dithyrambes à ses amis.

La faconde du baron serait certainement morte avec lui si un premier écrivain Rudolph Erich Raspe n’avait recueilli puis ordonné tous ces récits publiés en anglais en 1785. C’est ensuite à l’écrivain allemand Gottfried Bürger qu’on doit, plus qu’une traduction, un remaniement de ces histoires. Elles paraissent en 1786.

À la faveur d’un style qui jongle avec la satire, s’égare dans le truculent et frise même la veine poétique, Bürger a donné au héros pittoresque une personnalité littéraire que n’a pas démentie la postérité (jusqu’au grand écran).

Si certains thèmes retranscrits ou rajoutés par l’auteur appartiennent à l’imaginaire collectif qui le précède depuis l’antiquité (comme, entre autres, L’Histoire véritable de Lucien ou le conte des Trois doués), la figure du héros se sauvant d’un marécage en se tirant les cheveux, attachant son cheval à ce qu’il croit être un tronc d’arbre mais qui se révèle un clocher, risquant sa vie pour une bouteille de vin, découvrant le crâne ouvert d’un buveur invétéré, etc., n’a pris les traits que du seul Münchhausen.

La traduction de Théophile Gautier n’a pas une ride. Il lui manquait néanmoins – omission certainement volontaire pour ne pas choquer ses contemporains – l’épisode de l’autre moitié du cheval – coupé en deux – et d’importants détails relatifs à la naissance probable d’un partisan qui prit la parole en l’absence du baron. On les trouvera ici. En dire plus serait les déflorer.

 

 

La visite de la vieille dame Friedrich Dürrenmatt

 

Une vieille dame revient dans son village natal. Elle est richissime, le village est au bord de la faillite. Elle offre cent milliards contre la vie de l'homme qu'elle a aimé et dont elle veut se venger... sacrifice que le maire propose à ses concitoyens en ces termes : « Que tous ceux qui, d'un coeur pur, veulent réaliser la justice lèvent la main. »Voilà la force, le coup de génie de Dürrenmatt. On sait que le miroitement de l'or aveugle et corrompt les plus belles âmes. Mais elles exigent encore, ces âmes délicates, de pouvoir se regarder en face. C'est humain - comme on dit de tout ce qui est inhumain. C'est l'horrible vérité qu'on pourrait transposer sur la scène de n'importe quel théâtre de la vie publique ou privée.C'est la vieille dame en visite dans les hideux labyrinthes de la bonne conscience.

Les Physiciens Friedrich Dürrenmatt

 

Les Physiciens se passe entièrement dans le salon d'une villa qu'on devine isolée, ancienne résidence d'été des von Zahnd, transformée en asile de fous... le mot est lâché. Précisons que Dürrenmatt maintient strictement l'unité de lieu, de temps et d'action. Une action qui se déroule chez les fous ne s'accommode que d'une forme classique.

Les fous sont au nombre de trois. Il faut dire que les malades de marque ont été transférés dans un bâtiment neuf et élégant. Ces trois fous sont (est-ce un hasard ?) tous trois physiciens. Ils vivent chacun pour soi, chacun s'est tissé un monde imaginaire où il s'est enfermé, ils prennent leurs repas en commun dans le salon et échangent parfois quelques propos scientifiques.

Ils seraient des fous modèles si certaines choses un peu ennuyeuses, carrément horribles même, ne s'étaient passées. L'un d'eux a étranglé une infirmière. Autour du cadavre s'affairent les fonctionnaires de la police criminelle, aimables gaillards à l'âme tranquille, qui ont déjà absorbé leur ration de vin blanc et qui le sentent. Ils mesurent, prennent des empreintes digitales. Au milieu du salon se trouve l'inspecteur Richard Voss. Non loin de lui, l'infirmière-major Marthe Boll, à l'air aussi résolu qu'elle l'est en réalité. Un policier assis sur un siège prend des notes en sténo. L'inspecteur tire un cigare d'un étui marron...

Qui sont-ils ? Ceux qui se font appeler Newton, Einstein et Möbius. Qui sont-ils ? Des criminels ? Des physiciens ? Des fous ? Des simulateurs ? Des espions ?

Ou tout à la fois ? L'inspecteur Voss est confronté là à une énigme qui ressemble beaucoup aux problèmes que se pose, depuis quelques dizaines d'années, l'ensemble de l'humanité !

En crabe Günter Grass

 

Le 30 janvier 1945, un sous-marin russe coule non loin de Dantzig un ancien paquebot de croisière allemand, le « Wilhelm Gustloff », qui emporte vers l’ouest des milliers de réfugiés terrorisés par l’avancée de l’Armée rouge. Plus de quatre mille enfants périssent, sans compter les femmes et les vieillards. Seules quelques centaines de fugitifs survivent. Le naufrage du « Titanic » était peu de chose à côté. Ce fait historique, refoulé par les Allemands vaincus, est la matière, pour l’auteur, d’un « devoir de mémoire » à retardement. Le 30 janvier,c’est aussi le jour où Hitler accède au pouvoir en 1933, et où naît Wilhelm Gustloff, le« martyr » qui a donné son nom à l’un des plus beaux fleurons de la flotte de loisir national socialiste. Dans un magistral récit « en crabe » dont les zigzags relient générations passées,présentes et à venir,Günter Grass intègre une actualité dérangeante, effectivement brûlante,à la grande mythologie littéraire du Tambour, des Années de chien, du Chat et la Souris.

Contes choisis Grimm

 

Les frères Grimm ont rassemblé et publié des contes populaires dont la tradition vivait encore à leur époque dans les pays allemands. Ils ont ainsi fait entrer dans la littérature et dans l'histoire de la pensée ces petits chefs-d'œuvre. On en trouvera ici les principaux : Cendrillon, La Belle au Bois Dormant, Blancheneige, L'oiseau d'or et quinze autres. Ces récits décrivent un passage, gêné par mille obstacles, mais qui s'accomplit heureusement à la fin ; ils expriment la nécessité pour individu d'évoluer d'un état à un autre, d'un âge à un autre, et de se former à travers des métamorphoses douloureuses, qui ne prennent fin qu'avec son accession à une vraie maturité. Aller de l'enfance à l'état d'homme est une épreuve qui ne peut être surmontée sans une initiation. La fée aide le héros perdu à sortir de l'égarement. Le conte donne ainsi aux enfants, et aux autres, une image d'eux-mêmes, de leur famille, de leurs parents : le merveilleux est dans le quotidien.

Outrage au public et autres pièces parlées Peter Handke

 

Nous ne voulons pas vous contaminer.

Nous ne voulons pas vous communiquer le virus de l'un ou l'autre sentiment. Les sentiments ne nous intéressent pas. Nous n'incarnons pas de sentiments. Nous ne rions pas, nous ne pleurons pas. Nous ne cherchons pas à vous faire rire avec des grimaces, ni pleurer avec des pitreries, ni rire avec des larmes, ni pleurer avec des larmes. Bien que le rire soit plus contagieux que les larmes, nous ne cherchons pas à vous faire rire avec des grimaces.

Narcisse & Goldmund Hermann Hesse

 

C'est dans l'Allemagne du Moyen Age qu'Hermann Hesse, prix Nobel de Littérature, a situé l'histoire du moine Narcisse et de Goldmund, enfant très doué qu'on lui a confié et auquel il s'attache. Il sent que sa vocation n'est pas le cloître et l'aide à choisir sa voie. C'est alors pour Goldmund la vie errante, les aventures galantes ; il se décide, par sagesse, à devenir sculpteur : l'art sera une façon de chercher le beau. Philosophe autant que poète et romancier, Hermann Hesse aspire à une civilisation idéale où il y ait équilibre entre spiritualité et animalité : toute son œuvre est imprégnée de ce désir de conciliation.

Le dernier été de Klingsor Hermann Hesse

 

L'angoisse, l'amour, la mort : Hermann Hesse retrouve à travers quatre nouvelles somptueuses quelques-uns des grands thèmes qui hantent son univers romanesque. Une fois encore, l'écrivain se révèle un fantastique chirurgien des âmes, toujours soucieux de mettre à nu ce qu'il y a de plus absolu et de plus mystérieux dans le maelström des sentiments humains.«La scierie du marbrier» explore les paradoxes de l'amour. «Ame d'enfant» retranscrit les terreurs étranges des univers d'enfance. «Klein et Wagner» montre un homme qui s'égare dans ses labyrinthes intimes. «Le dernier été de Klingsor», enfin, analyse l'agonie qui est aussi, parfois, l'ultime occasion offerte de regarder la vie en face.Quatre nouvelles, qui sont quatre récits aux sourdes pesanteurs, où toute la magie littéraire de Hermann Hesse se tient ramassée.

 

Le voyage en orient Hermann Hesse

 

Un homme entreprend de raconter le voyage en Orient qu'il a autrefois accompli. Le long de ce parcours initiatique et symbolique autant que réel, il accompagne des pèlerins, des « éveillés » pour reprendre le langage piétiste de Hermann Hesse, qui s'acheminent sur les routes de la connaissance. « Nous marchions vers l'Orient, mais nous traversions aussi le Moyen Age ou l'Age d'Or, nous parcourions l'Italie et la Suisse, mais nous campions aussi parfois au Xe siècle et logions chez les patriarches et les fées. » Cette aventure traversée d'illuminations, de certitudes et de doutes représente pour Hesse la voie vers la sagesse, l'accomplissement de soi, la découverte de son identité.Hermann Hesse, écrivain allemand naturalisé suisse, a reçu le prix Nobel en 1946.

Knulp Hermann Hesse

 

L'Allemagne, début de siècle. Knulp, un vagabond vieillissant juste sorti de l'hôpital, revient au village de son enfance : il est malade, diminué, épuisé par ses années d'errance. Sans logis, il va de maison en maison, s'installe au gré de sa fantaisie chez l'un ou chez l'autre. Mais l'accueil qu'il reçoit est faussement chaleureux. Méfiance et rancune sont dans les têtes. Ses anciens camarades lui reprochent d'avoir gâché les dons qu'il possédait et de s'être abandonné à la vacuité de la vie de bohème... Avec Knulp, Hermann Hesse a brossé l'un de ses plus beaux portraits littéraires. Celui d'un être libre qui, pour orienter son existence, a préféré le rêve aux conventions sociales. Personnage complexe et attachant, Knulp compose une figure fascinante de dilettante doué dont le lecteur pénètre peu à peu les pensées les plus secrètes... Roman magique, apologie de la liberté, de la désinvolture et du désintéressement, Knulp est aussi une superbe méditation sur les blessures secrètes, la solitude et l'échec.

Demian Hermann Hesse

 

Demian. Histoire de la jeunesse d'Émile Sinclair est le roman d'une adolescence, un roman d'initiation, de formation, et l'un des chefs-d’œuvre du genre.Demian enseigne à Émile Sinclair à ne pas suivre l""exemple de ses parents, à se révolter pour se trouver, à s'exposer à la fois au divin et au démoniaque, à traverser le chaos pour mériter l'accomplissement de sa destinée propre.

Trois des romans de Hermann Hesse, Demian (chronologiquement le premier), Siddhartha et Le Loup des steppes offrent autant de variations sur le thème de l'étranger qui ne doit pas craindre de se séparer de la société, de « vivre en dehors ».

 

Siddhartha Herman Hesse

 

Siddhartha semble avoir jailli des doigts de Hesse comme une eau limpide coule peu à peu d'un glacier. Car les étapes de la vie de Siddhartha, fils de brahmane et enfant, adulte et vieillard en quête de pureté, sont autant de perles d'un cycle, celui d'une vie apparaissant aussi logiquement fluide qu'un torrent qui, quels que soient ses remous, finit dans la mer de l'accomplissement.

De la spiritualité sans limites au matérialisme le plus corrupteur, Siddhartha, tour à tour apprenti brahmane, ascète fuligineux ou commerçant jouisseur, foule un chemin qu'il croit pouvoir choisir. Mais, création née de la rencontre de l'éducation protestante de Hesse avec les philosophies orientales, notamment le bouddhisme, le chercheur itinérant devra connaître une rédemption toute chrétienne avant d'accéder à la plénitude. Écrivain confirmé (il a 45 ans quand paraît le roman), Hesse accorde son style, une épure généreuse, à la volonté de purification obstinée de son héros. Rendant ainsi son court roman aussi cristallin que les velléités de Siddhartha sont contradictoires, il procure à ses pages une atemporalité expliquant leur succès jamais démenti.

Le loup des steppes Herman Hesse

 

Expérience spirituelle, récit initiatique, délire de psychopathe, Le Loup des steppes multiplie les registres. Salué à sa parution en 1927 (entre autres par Thomas Mann, qui déclare : " Ce livre m'a réappris à lire "), interdit sous le régime nazi, roman culte des années 1960 et 1970, c'est une des œuvres phares de la littérature universelle du XXe siècle.

Peter Cazemind Herman Hesse

 

Parti à la recherche des Pommes d'or, Héraclès rencontre Antée. Ensemble ils luttent et c'est en l'arrachant à la Terre, en le soulevant sur ses épaules qu'Héraclès vient à bout du géant. Hermann Hesse n'a jamais cessé de nous répéter que c'était précisément en nous séparant de la Nature que la société moderne avait fait de nous, pour les besoins de son commerce, des individus fatigués, fragiles, sans ressources, avec une douleur près de l'âme. Rien d'étonnant alors à ce que Freud ait qualifié Peter Camenzind, dès sa parution, de « livre très important à ses yeux ».

Premier roman de Hermann Hesse, Peter Camenzind valut à son auteur la gloire et le succès. Tous les thèmes chers au poète s'y retrouvent : sa passion de la nature, sa méfiance à l'égard des hommes et de la société, mais aussi sa nostalgie de l'enfance et de l'innocence perdue.Peter Camenzind est une « initiation à l'envers ». Les déconvenues d'un jeune montagnard qui, ayant abandonné la solitude des sommets pour descendre à la rencontre des hommes, ne découvre que désillusions et déceptions.

 L'ornière Herman Hesse

 

Pourquoi lui avait-on " inoculé l'idéal vulgaire et creux d'une ambition sordide et épuisante " ? Ainsi s'interroge le héros de Hermann Hesse, Hans Giebenrath, un adolescent aux dons et à l'intelligence exceptionnels mais que le prostetantisme et des méthodes d'enseignement impitoyables et orgueilleuses vont broyer sans remords. Hans ressemble comme deux gouttes d'eau à l'écrivain. Comme lui, il éprouve une attirance pour la nature, l'évasion et le rêve, et la nostalgie du monde lumineux d'autrefois. C'est un artiste. Il est aussi de la race des rebelles et des exaltés qui refusent l'embrigadement, l'insertion forcée dans un cadre de vie. Récit bouleversant et pathétique, encore empreint d'un certain romantisme, L'Ornière (1906) symbolise le drame et la détresse de l'" incompréhension ".

Gertrude Herman Hesse

 

Dans Gertrude, Hermann Hesse a peint la vie d'un compositeur allemand de la fin du siècle dernier, personnage néo-romantique des plus attachants en raison des affinités, des doutes, des certitudes et des refus, qui, dans une nature excessivement sensible, ne peuvent conduire qu'à des conflits. L'existence tout entière de ce personnage d'exception, aussi ardente sur le plan de la création musicale et de la vie affective qu'elle est retirée en raison d'une infirmité due à un accident de montagne, aussi inquiète qu'elle est illustre, s'écoule entre l'art et un amour dont l'impossibilité, loin d'être arbitraire, est soumise à une logique parfaite. Gertrude, inspiratrice, objet d'un amour irréversible de la part du compositeur, se trouve être non seulement la jeune fille en robe claire dont l'apparition détermine une passion, mais encore, et sur" t, la femme au nom de toutes les femmes, aux yeux d'un seul, le génie de la musique. D'où une poésie toujours présente, intimement liée à l'analyse, que celle-ci ait pour objet la gamme d'un sentiment, la splendeur de l'altitude ou la magie que le fœln apporte avec son souffle. Sur la toile de fond d'un germanisme sans démons, ce roman du célèbre écrivain est une oeuvre d'audience universelle.

Rosshalde  Herman Hesse

 

Rosshalde, c'est le nom du domaine, quelque part en Allemagne, où vivent un peintre de grand talent, Johann Veraguth, son épouse Adèle et leur petit garçon Pierre, avant la Première Guerre mondiale. La nature y est somptueuse et la vaste maison est une de ces demeures de famille synonymes, pour le cœur de beaucoup, de souvenirs précieux. Mais ici la réalité est tout autre : l'enfant, sensible et fragile, devient une source de conflit entre ses parents, qui ne communiquent plus et se déchirent. Victime de la haine des adultes, il tombe gravement malade. Ce drame va déterminer en grande partie le destin de Johann, l'obligeant à poser un regard lucide sur sa vie, à renoncer aux mirages de la jeunesse avec dans les mains son unique bien : sa valeur d'artiste.Rosshalde reste en marge de l'œuvre de Hesse par un style inhabituel : un ton glacé qui sert merveilleusement bien le sujet du livre, l'incommunicabilité entre les êtres. Il questionne la valeur de l'engagement de l'artiste, le malheur en tant que fondement de l'acte créateur.

Eloge de la vieillesse Herman Hesse

 

Voici, réunis pour la première fois en un volume, les plus beaux textes des dernières années de Hermann Hesse. Son oeuvre d'écrivain accomplie, il se consacre désormais à l'ultime défi de sa longue vie d'écrivain : accepter avec grâce la vieillesse et l'approche de la mort. Souvenirs intimes, esquisses croquées sur le vif, petits poèmes en prose et en vers, portraits (tel celui d'une vieille paysanne avec laquelle il aime bavarder), aphorismes, courts traités philosophiques, chaque page de ce recueil est à la fois grave et radieuse : « La vallée s'éveille, frissonnante dans le vent du matin, / Un petit bruit sec, les châtaignes tombent à terre, / S'ouvrent avec un sourire dur et lumineux. Je ris aussi. »

 

 

  Contes fantastiques tome 3 Ernst Hoffmann

 

"Edgar Poe, Gogol, Stevenson, Kafka... Goya et Dali, Schumann et ses Kreisleriana, Offenbach et ses Contes d'Hoffmann bien sûr : rarement un écrivain aura si durablement marqué, non seulement la littérature, mais aussi la musique et la peinture, de son empreinte. Il a inventé le roman noir et l'intrigue policière, jeté les bases de la littérature fantastique - dont la terminologie même tire sa source de ses Phantasiestücke -, et l'on retrouve jusque chez Thomas Bernhard un écho de ses nouvelles musicales. Chef d'orchestre talentueux, dessinateur inspiré, les multiples facettes de ce génie protéiforme se reproduisent dans ses personnages : comme en une galerie des glaces, femmes fatales automates, animaux à visage humain, esprits maléfiques et démons grimaçants se métamorphosent et tourbillonnent, folle sarabande gavée d'énergie, d'invention et d'ironie avec cet humour et cette grâce poétique dont la modernité ne cesse de nous éblouir." --Scarbo

Abeilles de verre Ernst Junger 

 

Roman de l'étrange, hors du temps, dans un monde que la technique colore de fantastique. Un homme cherche un emploi, n'importe lequel, et s'adresse à un certain Zapparoni, génie de son état et inventeur d'automates extraordinaires... Entre eux deux se noue une relation tortueuse de maître et d'esclave... Abeilles de verre, conte philosophique et récit épique, met en scène le tragique de l'existence confrontée aux exigences de la modernité.

 

  Le verdict  Franz Kafka

 

Dans la nuit du 22 au 23 septembre 1912, Kafka a écrit "Le Verdict". De la première ligne à la dernière, ce texte est empreint de vertige. Kafka nous propose la traversée périlleuse d'un pont qui mène d'une rive - l'enfance - à une autre, qui n'a pas de nom. Le père est le gardien royal de ce pont et il convient, malgré l'amour et la piété, de monter sur ses épaules pour voir plus loin, mieux et ailleurs, quelle que puisse être la douleur éprouvée.

 

Le procès Franz Kafka

 

Le jour de son arrestation, K. ouvre la porte de sa chambre pour s'informer de son petit-déjeuner et amorce ainsi une dynamique du questionnement qui s'appuie, tout au long du roman, sur cette métaphore de la porte. Accusé d'une faute qu'il ignore par des juges qu'il ne voit jamais et conformément à des lois que personne ne peut lui enseigner, il va pousser un nombre ahurissant de portes pour tenter de démêler la situation. À mesure que le procès prend de l'ampleur dans sa vie, chaque porte ouverte constitue une fermeture plus aliénante sur le monde de la procédure judiciaire, véritable source d'enfermement et de claustrophobie. L'instruction suit son cours sur environ un an durant lequel l'absence d'événements est vue uniquement à travers les yeux de K.

 Le chateau Franz Kafka

 

Quelle singulière mission, quel puissant appel ont pu fixer l'énigmatique M. K. qui se dit arpenteur sur les terres du comte Weswest ?

L'auberge du village enneigé où il échoue par un soir d'hiver sera-t-elle désormais le visage de son destin ou l'ultime étape vers ce monde du Château qui semble aimanter ses rêves ?

Lorsque s'interrompt ce récit inachevé, le lecteur quitte à regret une contrée onirique éclairée par l'humour et la facétie. Allégorie moderne, fable ou fiction pure, Le Château se dresse comme un nid d'aigle où Kafka accumule un trésor d'images et de visions qu'il plonge, comme le voulait l'un de ses maîtres, Kierkegaard, « dans les eaux baptismales de l'oubli pour le consacrer à l'éternité du ressouvenir ».

 

La métamorphose Franz Kafka

 

«Lorsque Gregor Samsa s’éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en énorme cancrelat.»

Ainsi commence La Métamorphose, un des récits les plus célèbres de Kafka, écrivain au style unique. De par sa nature monstrueuse, Samsa se retrouve isolé du monde, de celui du travail d’abord, de la cellule familiale ensuite. Seul, ne suscitant que dégoût et colère, il dépérit. L’art de Kafka ne réside ni dans les effets, ni dans la tension psychologique, ni dans l’exploitation de l’élément surnaturel. Ce dernier se fond dans la normalité. On ne s’interroge jamais sur les raisons, les mécanismes de la métamorphose. Elle appartient à une réalité décalée, aberrante. C’est ce décalage dérangeant et à la fois envoûtant qui fait la force de ce récit, un réalisme de l’absurde que l’on retrouvera dans d’autres chefs-d’oeuvre tels que Le Château ou Le Procès. Inimitable et incontournable, tel est Kafka.

 

Le judas de Léonard Léo Perutz

 

Milan, 1498. Léonard de Vinci, invité à la cour de Ludovic le More, travaille à sa célèbre Cène. Il cherche en vain un modèle pour la figure de son « Judas ». Il a beau hanter les bas-fonds de la grande cité lombarde, passer en revue toutes les canailles du lieu, les vices qu’il découvre sont à l’évidence de ceux que Jésus aurait pardonnés. Or Jésus n’a pas pardonné à Judas… On rencontrera, au fil d’une pérégrination riche en surprises, un duc peu soucieux de son statut souverain ; un prêteur sur gages prompt à se vendre pour quelques sequins, mais dont la fille offre son corps et son âme contre un sourire ; un poète mauvais garçon, sorte de Villon amnésique, évoquant des terres possédées jadis « il ne sait où » ; un marchand allemand enfin, honnête et droit, mais qui trahira par crainte d’aimer… et dont Léonard fera son modèle. On goûtera surtout, par-delà les mirages d’une imagination enfiévrée, la beauté musicale qui fait toute la magie des romans de Perutz : ces conversations qui se croisent en contrepoint vertigineux, l’allégresse du ton que contredit cruellement un discours désabusé, le rythme inattendu des épisodes, qui trahit un surprenant désordre des valeurs. Mais l’imprévisibilité, laquelle donne tout son prix à la musique comme à l’art du roman, n’est-elle pas la clé ironique de l’humaine existence ?

La neige de Saint-Pierre Léo Perutz

 

Le 2 mars 1932, Georg Friedrich Amberg, jeune médecin récemment engagé par le baron von Malchin pour soigner les paysans de son village de Morwede, émerge d'un long coma dans un hôpital d'Osnabrück en Westphalie. A peine les terribles événements des cinq dernières semaines lui sont-ils revenus en mémoire qu'il s'enquiert, auprès de l'infirmière et du médecin-chef, du baron, de Bibiche, sa bien-aimée menacée de mort, de la révolte, mais on lui rétorque qu'il divague, qu'il a tout simplement été renversé par une voiture. Or Georg reconnaît parmi les infirmiers les protagonistes du drame qu'il a vécu à Morwede... Cauchemar? Délire? Conspiration?

 

 

Made in Vietnam Carolin Philipps

 

Lan, 14 ans, ouvrière dans une usine de baskets, entre en résistance. Lan, 14 ans, travaille dans une fabrique de baskets pour assurer la survie de sa famille. Elle vit en permanence à la limite de ses forces. Un jour, elle fait la connaissance de Taï Lê, l'héritier de l'entreprise, qui l'invite à une fête avec ses amis. Cette nuit-là, Lan ne dort que deux heures ! Or, les conditions de travail ne cessent de se dégrader : un nouveau surveillant a imaginé de punir les ouvriers paresseux en leur mettant une vipère autour du cou ! Lan, dont la famille lui a appris à chasser les serpents, entre en résistance : elle capture la vipère, et sort de l'atelier. Elle tombe alors sur le directeur de la fabrique, M. Lê, qui la somme d'aller rapporter l'animal au grand-père Lê, grand amateur de serpents. C'est le début d'une amitié. Le grand-père Lê demande que Lan soit affectée à son service. La fillette revit, mais elle est considérée comme une traîtresse par ses collègues. Le jour où une grande firme allemande annonce une inspection qui pourrait déboucher sur l'attribution d'un label, les employés, Lan en tête, décident de faire éclater la vérité. Elle "emprunte" un magnétophone de façon à ce que les ouvriers puissent enregistrer leurs doléances, et dispose des serpents dans les boîtes à chaussures destinées aux Allemands... Le grand-père sauve la situation : il obtient des Allemands que le label soit accordé à son fils, en échange de quoi celui-ci assouplira les conditions de travail de ses employés...

 

Les nouvelles souffrances du jeune Werther Ulrich Plenzdorf

 

Edgar Wibeau a été abandonné par son père quand il avait cinq ans. Après la mort d'Edgar (âgé seulement de dix-sept ans), son père interrogea des personnes qui étaient proches de son fils pour apprendre à le connaître. Edgar a grandi avec sa mère au temps de la RDA. C'était un enfant calme ainsi qu'un élève modèle. Mais après une querelle avec son maître, Flemming, il fit ce qu'il voulait faire depuis longtemps ; il disparut de sa ville natale Mittenberg avec son ami Willi et se rendit à Berlin. Cependant Willi préféra revenir à Mittenberg. Edgar resta alors seul à Berlin où il trouva un abri près d'un jardin d'enfant. Dans ce jardin d'enfant travaillait Charlie, âgée de vingt ans, dont Edgar tomba amoureux mais celle-ci était déjà fiancé à Dieter qui deviendra plus tard son mari. Charlie n'a jamais vraiment su ce qu'elle représentait pour Edgar. Le seul avec qui Edgar était resté en contact, était son ami d'enfance Willi. Il envoyait souvent à ce dernier des cassettes avec des citations des Souffrances du jeune Werther de Goethe qui décrivaient bien sa propre situation.

A l'ouest rien de nouveau Erich Maria Remarque

 

" Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes. "

Témoignage d'un simple soldat allemand de la guerre 1914-1918, A l'Ouest, rien de nouveau, roman pacifiste, réaliste et bouleversant, connut, dès sa parution en 1928, un succès mondial retentissant et reste l'un des ouvrages les plus remarquables sur la monstruosité de la guerre.

 

Sors de ce corps, William David Safier

 

C'était Roméo et Juliette et patatras : c'est Peines d'amours perdues…

Plaquée par l'homme de sa vie, Rosa est prête à tout pour le récupérer. Au point de croire aux boniments du magicien Prospero, spécialiste ès voyages dans le temps et retours d'affection… Mal lui en prend car, sitôt ensorcelée, la jeune femme reprend conscience dans la peau de… William Shakespeare.

Si la vie et l'amour ont un sens, la colocation cérébrale avec le grand Will risque de faire sauter quelques certitudes…

Le liseur Bernard Schlink

 

À quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain.
Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de ses études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Accablée par ses coaccusées, elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l'insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais.
Il la revoit une fois, bien des années plus tard. Il se met alors, pour comprendre, à écrire leur histoire, et son histoire à lui, dont il dit : «Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hanna soit en quelque sorte le destin de ma génération (...) que j'aurais moins bien su camoufler que les autres ?»

Une jeunesse viennoise 1862-1889 Arthur Schnitzler

 

"On ne vit vraiment qu'une chose : vieillir. Tout le reste, ce sont des aventures." Lorsqu'il entreprend en 1915 de rédiger son Autobiographie, Arthur Schnitzler a plus de cinquante ans. Il interrompt son récit à sa vingt-huitième année, avant la célébrité. L'aventure de l'adolescent recoupe le destin de Vienne dans sa décadence fin de siècle, dans sa "Joyeuse Apocalypse". Frappons à la porte du jeune Arthur : pas de délectation morose ici, mais des souvenirs racontés avec l'ironie et le cynisme qui siéent si bien à cet éternel sceptique : le père, célèbre laryngologue, vaniteux et superficie ; la médecine qui rend le jeune homme hypocondriaque; les improvisations théâtrales en famille, les premières tentatives littéraires ; les camarades de lycée puis d'université, toujours au café, réunis pour jouer aux cartes et discuter littérature ; les soirées mondaines et les bals populaires; la valse des "fiancées" : la prude Else, la blonde Anni, la frivole Thérèse, la romantique Charlotte, l'inaccessible Olga... La "jeunesse viennoise" de Schnitzler, c'est l'avant-goût, teinté de nostalgie, de la dolce vita. Les familiers de l'auteur de Thérèse, de Mademoiselle Else, de Terre étrangère se délecteront de rencontrer ici les modèles qui ont inspiré les personnages de la fiction. Les autres trouveront l'un des meilleurs sésames pour pénétrer dans le sanctuaire viennois.

Le parfum Patrick Süskind

 

Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s'appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre qui lui n'aurait pas survécu. Mais Grenouille n'avait besoin que d'un minimum de nourriture et de vêtements et son âme n'avait besoin de rien. Or, ce monstre de Grenouille, car il s'agissait bien d'un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde, et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout puissant de l'univers, car " qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes ".

C'est son histoire, abominable... et drolatique qui nous est racontée dans Le Parfum, un roman qui, dès sa parution, eut un succès extraordinaire et est devenu très vite un best-seller mondial.

 

 

Un combat et autres récits Patrick Süskind

 

Lorsque commence la partie d'échecs contre ce jeune inconnu arrogant qui déplace ses pièces sans réfléchir en roulant des cigarettes, le héros de Un combat, un vieux joueur expérimenté, comprend que sa carrière est finie... Et son public, pourtant fidèle, le croit aussi. L'issue de la partie dira ce qu'il faut penser

de certaines « évidences».

N'importe quel artiste, un jour ou l'autre, a entendu parler de « profondeur ». Mais qu'est-ce que la profondeur? Et qu'est-ce que « manquer de profondeur »? Voilà une question qui peut décider d'un destin...

 

Patrick Süskind nous offre ici quatre récits étincelants et imprévus, où l'on voit une idée tourner à l'obsession au point d'avaler fantastiquement celui ou celle qui en est la proie... Quatre histoires dans le ton grinçant, drolatique qui a fait le triomphe du Parfum et de La Contrebasse.

La caravane Galsan Tschinag

 

Rassembler son peuple dispersé, les Touvas de Mongolie, et les ramener au berceau de leurs origines, telle est la promesse que s’est faite l’écrivain et chaman Galsan Tschinag. Un jour de printemps 1995, le rêve s’accomplit et s’ébranle la caravane dont ce livre conte l’épopée.

Hommes, femmes, enfants, trois cents chevaux et cent trente chameaux lourdement chargés vont cheminer durant cent cinq jours à travers steppes, déserts et montagnes, dans une nature d’une beauté à couper le souffle, jusqu’à leurs territoires ancestraux de chasse et de pâture, au pied du mont Altaï.

« La porte s’ouvrait sur cette aventure que nul n’avait encore osé tenter. La montagne s’était ébranlée, l’Histoire avait commencé. »

 

Les jours sombres : Le destin extraordinaire d'une Allemande antinazie Fey Von Hassell

 

Fey est la fille de l'ambassadeur d'Allemagne en Italie. Anti-nazi, il participe au complot contre Hitler; il est condamné à mort puis exécuté. Fey, fille du conjuré, est immédiatement arrêtée. Les SS lui enlèvent ses deux enfants. Commence alors pour cette "prisonnière de sang", un terrible voyage de prison en camp de concentration.

La dernière à l'échafaud Gertrud Von Lefort

 

Gertrud von Le Fort a pris pour base le récit La Relation du martyre des seize carmélites de Compiègne1 et a imaginé le personnage, très proche de sa propre sensibilité, de Blanche de la Force. Le nom même du personnage est comme un pseudonyme transparent de l'auteur : « de La Force » pour « von Le Fort ». Elle déclare à propos de cette jeune femme effrayée qui vit dans l'angoisse depuis l'enfance et devient religieuse pour lutter contre cette souffrance : « ... elle a reçu le souffle de la vie de mon esprit intérieur, et on ne peut la détacher de cette origine, qui est la sienne. Née dans l'horreur profonde d'une époque assombrie par les signes de la destinée, ce personnage m'est venu comme l'emblème d'une époque à l'agonie travaillant à sa propre ruine ».

L'or de Cajamalca Jacob Wassermann

 

Résumé :

1532, la conquête du Pérou et plus particulièrement celle de la ville de Cajamalca. Cajamalca et son or, tant convoité des Espagnols et de leur général Pizzaro. Et pour finir, un peuple qui n’a rien demandé, sinon le respect de ses croyances, se voit privé de son Inca, le grand Atahualpa.Fait prisonnier par les Espagnol, l’Inca découvre que ces hommes, venus d’une terre inconnue, se transforment en véritables sauvages dès qu’il est question d’or. Felipillo, l’interprète, le lui a confirmé : ils sont prêts à tout en échange de ce métal pourtant si banal au Pérou. Atahualpa échangera donc sa liberté contre sa richesse mais la parole des hommes n’est pas trop solide.Lorsque les indigènes deviennent des sages et les hommes des bêtes, lorsque la raison se situe du côté des faibles, lorsque deux civilisations se rencontrent et s’affrontent, c’est dans le sang que se place la victoire.

Mars  Fritz Zorn

 

Fils d'une famille patricienne de Zurich, celui qui a écrit ce livre sous un pseudonyme fut ce qu'on appelle un enfant bien élevé. Dans la somptueuse villa, au bord du lac, régnait l'entente parfaite. Un certain ennui aussi, qui tient à la bienséance. Non sans humour, Zorn nous décrit les petits travers de ses parents. Humour ? Le mot est faible. Disons plutôt une noire ironie, celle du jeune homme qui, découvrant qu'il est atteint du cancer, pense aussitôt : naturellement. Jamais les contraintes et les tabous qui pèsent, aujourd'hui encore, sur les esprits soi-disant libres n'ont été analysés avec une telle pénétration ; jamais la fragilité de la personne, le rapport, toujours précaire et menacé, entre le corps et l'âme, qu'escamote souvent l'usage commode du terme « psychosomatique », n'a été décrite avec une telle lucidité, dans une écriture volontairement neutre, par celui qui constate ici, très simplement, qu'il a été « éduqué à mort ». Il avait trente-deux ans.

 

Le combat avec le démon Stefan Zweig

 

Kleist, Hölderlin, Nietzsche : trois destinées fulgurantes et sombres, où les éclairs du génie créateur illuminent des vies brèves, en proie à l'excès, à la démesure, à la folie. Comme il l'a fait dans Trois poètes de leur vie, Stefan Zweig rapproche ici ces figures animées par un même mouvement intérieur. Pour ces errants, à peu près ignorés de leur vivant, la pensée ou la création ne sont pas cette sereine construction d'un idéal d'harmonie et de raison dont Goethe donne l'exemple accompli; elles ne peuvent naître que dans le corps à corps avec un démon intérieur qui fait d'eux les fils de Dionysos, déchiré par ses chiens. C'est en romancier, grâce à l'intuition et à la fraternité d'âme, que l'auteur d'Amok et du joueur d'échecs, fasciné par les dimensions les plus mystérieuses de l'esprit humain, mène ces évocations, dont bien des pages sont d'inoubliables morceaux littéraires

La guérison par l'esprit Stefan Zweig

 

On connaît l'intérêt passionné du romancier d'Amok et du Joueur d'échecs pour les zones inexplorées et obscures de l'esprit humain. Biographe érudit et passionnant, il évoque ici trois figures historiques qui ont été parmi les premières a s'y aventurer. A la fin du XVIIIe siècle, le magnétiseur Mesmer s'intéresse à l'hypnose. Un siècle après, Mary Baker-Eddy, une Américaine, fondatrice d'une secte, prétend guérir par l'extase de la foi. Dans le même temps, à Vienne, Freud donne naissance à la psychanalyse. Trois expériences auxquelles l'histoire et la science devaient donner leur juste place, mais qui toutes trois marquèrent leur temps. Dans ce livre trop méconnu, témoignage de son inlassable curiosité intellectuelle, le grand écrivain autrichien nous convie à une réflexion fondamentale sur les pouvoirs de l'esprit.

La pitié dangereuse Stefan Zweig

 

 A la veille de la Première Guerre mondiale, un jeune officier pauvre, en garnison dans une petite ville autrichienne, est pris de pitié pour une jeune infirme riche. De cette pitié dangereuse découlera l'amour fou que porte Edith de Kekesfalva au lieutenant Anton Hofmiller. Cet amour impossible finira tragiquement, dans l'évocation nostalgique d'une société bientôt condamnée par l'histoire.

 

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme Stefan Zweig

 

Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d'Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée. Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle. Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestables réussites.

Le voyage dans le passé Stefan Zweig

 

Louis, un jeune homme pauvre mû par une « volonté fanatique », tombe amoureux de la femme de son riche bienfaiteur, mais il doit partir au Mexique pour une mission de confiance. La grande guerre éclate. Les retrouvailles du couple n'auront finalement lieu que neuf ans plus tard. Leur amour aura-t-il résisté ?Dans ce texte bouleversant, resté inédit en français jusqu'en 2008, on retrouve le savoir-faire unique de Zweig, son génie de la psychologie, son art de suggérer par un geste, un regard, les tourments intérieurs, les abîmes de l'inconscient.

 Lettre d'une inconnue Stefan Zweig

 

« C’est depuis cette seconde que je t’ai aimé. Je sais que les femmes t’ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort – comme une esclave, comme un chien –, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l’amour, fait de désir, et, malgré tout, exigeant, d’une femme épanouie. »

 

Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l’ombre, n’attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d’un enfant, symbole de cet amour que le temps n’a su effacer ni entamer. L’être aimé objet d’une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d’une femme qui se meurt doucement, sans s’apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu’elle admire plus que tout. La voix d’une femme qui s’est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l’a reconnue. Avec Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l’analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d’une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue

 

Le joueur d'échec Stefan Zweig

 

Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d'échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d'échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire...

Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s'est donné la mort l'année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d'homme et d'écrivain. Le joueur d'échecs est une confession à peine déguisée de cette désespérance.

Amok Stefan Zweig

 

Avec les trois longues nouvelles qui composent ce recueil, Stefan Zweig nous plonge dans l'enfer de la passion, " l'enfer au fond duquel se tord, brûlé, mais éclairé par les flammes de l'abîme, l'être essentiel, la vie cachée ", écrivait Romain Rolland dans sa préface enthousiaste à la première édition française.

Dans " Amok ", peut-être la plus célèbre des trois, un jeune médecin raconte comment, dans la jungle malaise, sa vie a basculé en quelques instants, comment une jeune femme jusque-là inconnue a déchaîné en lui l'amour et la folie.

" Lettre d'une inconnue ", un des textes les plus déchirants qui soient, souvent adapté au théâtre, est la confession, à la veille de sa mort, d'une femme à un homme qu'elle a aimé toute sa vie et qui ne l'a jamais vraiment " vue ", jamais vraiment regardée.

" La ruelle au clair de lune " nous entraîne jusqu'au plus profond de l'humiliation où la passion - toujours elle - peut parfois faire tomber l'être humain.

 L'amour d'Erika Ewald Stefan Zweig

 

" Notre vie possède des courants plus profonds que les éléments extérieurs, qui nous rapprochent et nous séparent. Une intense magie de la vie, accessible à notre seule émotion et non pas à nos sens, gouverne nos destins, même quand nous croyons les diriger nous-mêmes. " Ainsi l'auteur d'Amok et de La Confusion des sentiments définissait-il l'unité de ces quatre récits parus en 1904 et salués par le grand écrivain Hermann Hesse. Que l'histoire se situe sur la Riviera au début du siècle, à Anvers au temps des guerres de religion ou à Jérusalem le jour de la crucifixion du Christ, les thèmes majeurs de l'oeuvre apparaissent : l'amour générateur de souffrances secrètes, qui conduisent à la mort ou à la purification, les correspondances secrètes des êtres par-delà l'absurdité des destinées.

La confusion des sentiments Stefan Zweig

 

Au soir de sa vie, un vieux professeur se souvient de l’aventure qui, plus que les honneurs et la réussite de sa carrière, a marqué sa vie. A dix-neuf ans, il a été fasciné par la personnalité d’un de ses maîtres ; l’admiration et la recherche inconsciente d’un Père font alors naître en lui un sentiment mêlé d’idolâtrie, de soumission et d’un amour presque morbide.

Freud a salué la finesse et la vérité avec lesquelles l’auteur d’Amok et du Joueur d’échecs restituait le trouble d’une passion et le malaise qu’elle engendre chez celui qui en est l’objet.

Paru en 1927, ce récit bref et profond connut un succès fulgurant, en raison de la nouveauté audacieuse du sujet. Il demeure assurément l’un des chefs-d’œuvre du grand écrivain autrichien.

L’exceptionnel talent de Daniel Mesguich lui permet une interprétation inspirée de ce texte, qui en respecte toutefois la bouleversante sobriété.

Une enfance africaine Stefanie Zweig

 

1938. Walter Redlich, avocat juif allemand, décide de s'exiler au Kenya avec sa femme et sa fille Regina, pour fuir la montée du nazisme. Au sein d'une Afrique sauvage, ils se perdent dans une culture qu'ils ne peuvent comprendre. Seule Regina, six ans à son arrivée,

s'épanouit et assimile les coutumes du pays avec une facilité déconcertante.

Les Redlich auront à surmonter bien des épreuves au sein de la société colonisatrice et conservatrice anglaise, parmi les réfugiés et dans leur couple même.

 

Regina saura-t-elle les guider à travers sa vision d'une Afrique féerique et leur faire oublier leur Allemagne, mère patrie tortionnaire ?

 

Une jeunesse allemande Stefanie Zweig

 

Après un exil d'une dizaine d'années au Kenya, la famille Redlich, rapatriée par l'armée britannique, rentre à Francfort le 15 avril 1947. Agée de quinze ans, Regina redécouvre son Allemagne natale : un pays dévasté, corrompu, souffrant de pénurie généralisée. La jeune adolescente juive s'y adapte difficilement, réapprenant une langue qu'elle maîtrise mal, confrontée à des réactions oscillant entre un antisémitisme encore bien ancré et une culpabilité mal vécue. Lors d'un séjour en Suisse, où elle est envoyée pour soigner sa malnutrition, Regina rencontre cependant George Guggenheim, le célèbre collectionneur d'art, qui lui ouvre un monde nouveau, celui de la peinture. D'autres rencontres marquantes vont jalonner les années d'apprentissage de Regina, dont celle du père d'Anne Frank, qui lui fera prendre conscience de l'ampleur de la tragédie à laquelle elle a échappé en Afrique. Tandis que Walter, le pater familias bien aimé, fait tout pour retrouver ses racines allemandes et assurer à sa famille une vie convenable, Regina, à vingt ans, va surtout revoir brièvement Martin, l'ami de son père et son amour d'enfance. Dans ses bras, elle tentera de faire revivre les années de soleil...

ROMANS AYANT L'ALLEMAGNE POUR CADRE

Le bonheur en Allemagne ? Michel Tournier

 

Michel Tournier nous raconte son lien intime avec l'Allemagne, son rapport à la langue et ses études universitaires dans le champ de ruine d'après guerre. A travers ce recit, il analyse les rapports entre ces deux nations.

L'ami retrouvé Fred Uhlman

 

Agé de seize ans, Hans Schwarz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart. C'est en 1932 et il se fait un ami...un jeune aristocrate. Cette amitié résistera t-elle à la guerre?

La part de l'autre Eric-Emmanuel Schmitt

 

" Que se serait-il passé si l'Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d'artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde... "