La nature des choses Lucrèce (prépa)
J'ai voulu t'exposer cette doctrine à nous / en un chant possédant le doux accent des Muses, / et sur elle poser la douceur de leur miel, / dans l'espoir que nos vers sachent, par ce moyen, / te
retenir l'esprit tandis que tu perçois / des choses la nature en sa totalité, / et te pénètres bien de leur utilité.
Lucrèce.
Donner la plus grande force persuasive à la parole philosophique salvatrice, celle qui mène au bien et éloigne des maux, qui guérit des vaines peurs, celles des dieux et de la mort en
particulier, tel est le projet de Lucrèce (ier s. av. J.-C.), qui compose en latin son célèbre poème, De rerum natura, à la gloire d'Epicure et de sa philosophie. Exposé doctrinal d'une
richesse exceptionnelle et oeuvre littéraire majeure, ce poème se donne comme une oeuvre totale, où le vrai s'allie au beau, et les séductions de l'imagination à la rigueur de l'analyse. Pour
s'approcher de sa singularité, il fallait une transposition précise et poétique à la fois : ce sont là les mérites de la traduction de Bernard Pautrat - faite en alexandrins non rimés - qui
permet d'appréhender dans notre langue le style philosophique propre à Lucrèce.
La haine de la nature Christian Godin (prépa)
L'amour de la nature, l'intérêt pour la nature, la joie éprouvée en présence des paysages et des êtres de la nature font partie des présupposés courants jamais remis en question. Notre civilisation est bien plutôt marquée par la haine de la nature. De la construction des villes à l'édification des corps, le monde de la technique est une véritable entreprise d'anéantissement. Les difficultés auxquelles aujourd'hui se heurtent les politiques environnementales, les échecs récurrents des conférences internationales ne peuvent être compris si ce fait est oublié. Les orientations "vertes" du capitalisme actuel ne sont que des ruses pour faire triompher l'artifice. Elles ne font que nous éloigner davantage du sens de la nature, désormais perdue. La catastrophe systémique qui a commencé a proprement valeur apocalyptique, de révélation. C'est la pulsion de mort qui travaille en silence, jusqu'à sa probable victoire finale.
Vivre avec les animaux : une utopie pour le XXIème siècle Jocelyne Porcher (prépa)
Dans notre monde radicalement artificialisé, seuls les animaux, en nous rappelant ce qu'a été la nature, nous permettront peut-être de nous souvenir de notre propre humanité. Mais saurons-nous vivre avec eux ? Le voulons-nous encore ? Car l'abattage de masse des animaux, considérés comme simples éléments des " productions animales ", leur inflige une terreur et une souffrance insoutenables, tout en désespérant les éleveurs. Et l'élevage, après 10 000 ans d'existence, est aujourd'hui souvent décrit comme une nuisance, pour l'environnement comme pour notre santé. Une condamnation reposant sur une confusion entre " élevage " et " production animale ", dont il nous faut comprendre les enjeux. Qu'est-ce que l'élevage ? Quelles différences entre " élevage " et " productions animales " ? Quelle est la place de la mort clans le travail avec les animaux ? Peut-on améliorer leur sort dans les systèmes industriels ? Faut-il " libérer les animaux " comme le proposent certains philosophes ? En répondant ici a ces questions, Jocelyne Porcher explique en quoi la capacité des hommes à coexister pacifiquement dépend de leur capacité à vivre en paix et dignement avec les animaux. Et pourquoi, dès lors, sauver l'élevage en évitant son assujettissement au système d'exploitation et de mise à mort industrielle pourrait être une des plus belles utopies du XXIe siècle.
L'anti-nature Clément Rosset (prépa)
« Quand aurons-nous complètement “dédivinisé” la nature ? Quand nous sera-t-il enfin permis de commencer à nous rendre naturels, à nous “naturiser”, nous hommes, avec la pure nature, la
nature retrouvée, la nature délivrée ? » (Gai savoir, Nietzsche). « L’idée de nature apparaît comme un des écrans majeurs qui isolent l’homme par rapport au réel, en
substituant à la simplicité chaotique de l’existence la complication ordonnée d’un monde. »
Nombre de philosophes depuis l’Antiquité se sont attachés à définir la notion de nature. S’inscrivant dans cette longue tradition, Clément Rosset reprend l’opposition entre nature et artifice,
analyse les philosophies artificialistes, des Sophistes à Hobbes, puis les philosophies naturalistes, de Platon à Rousseau. Il termine en soulignant l’actualité philosophique du naturalisme et
les aléas modernes de l’idée de nature. « D’une certaine manière, la conclusion de ce livre est de présenter l’artifice comme vérité de l’existence et l’idée de nature comme erreur
et fantasme idéologique. »
La nature dans la physique contemporaine Werner Heisenberg (prépa)
La nature dans la physique contemporaine éclaire le rapport nouveau entre la philosophie et les sciences physiques, depuis que des concepts clés de la philosophie ont été bouleversés par
la mécanique quantique.
L'ouvrage rassemble trois conférences de Werner Heisenberg, prononcées en 1949, 1952 et 1953. «Les rapports entre la culture humaniste, les sciences de la Nature et l'Occident» traite du rapport
entre le «questionnement à partir des principes» et la pratique empirique et pose le primat des valeurs de l'esprit sur les valeurs matérielles ; «Physique de l'atome et loi de la causalité»
montre la nécessité de redéfinir la notion de causalité suite à la substitution par la physique du concept de loi statistique à celui de «loi de la nature».
Mais c'est la conférence sur «La nature dans la physique contemporaine» qui marque l'importance de l'ouvrage, puisqu'elle traite de la technique en termes nouveaux, non plus en la comprenant
comme une science «appliquée» et notamment comme une «bonne» ou une «mauvaise» application d'une science qui serait elle-même «bonne» -, mais comme un processus autonome à l'échelle de la
planète, un processus ni «bon» ni «mauvais» pris isolément, mais susceptible de présenter un «danger» qu'il convient d'évaluer. Cette conférence nourrira les réflexions de Heidegger dans La
question de la technique.
La nature humaine une illusion occidentale Marshall Sahlins (prépa)
Voici venu le temps de nous apitoyer sur notre misérable sort. Depuis deux millénaires, nous avons toujours été hantés par le spectre de notre propre nature : une nature humaine si cupide et si
violente qu' elle livrerait la société à l'anarchie si on ne la soumettait pas à quelque gouvernement. Cet ouvrage montre qu' il s' agit d une conception typiquement occidentale, où l' opposition
entre nature et culture est perçue comme le fondement de notre propre tradition (et de nos propres sciences sociales) et de notre différence par rapport à tous ceux qui considèrent que les bêtes
sont fondamentalement humaines, et non que les hommes sont fondamentalement des bêtes.
Et ces derniers ont raison, du moins au sens où l' espèce humaine moderne, l' homo sapiens, est apparue il y a relativement peu de temps dans une histoire culturelle humaine beaucoup plus
ancienne. La paléontologie nous l' apprend : nous sommes des animaux de culture ; notre patrimoine biologique, c' est de créer des symboles. Croire que nous sommes à la merci de nos penchants
animaux est une illusion qui s' enracine aussi dans la culture.
Règles pour le parc humain suivi de la domestication de l'Etre Peter Sloterdijk (prépa)
En juillet 1999, en prononçant un discours sur Heidegger et sa Lettre sur l’humanisme, Peter Sloterdijk déclenche une vive
polémique. Quel est l’objet du scandale ? Son constat : l’humanisme est mort en 1945. Si une nation ne repose plus sur une fiction politique, d’inspiration humaniste, pour souder ses citoyens,
quelle gestion des hommes ? D’ailleurs, note le philosophe, la « domestication de l’être humain constitue le grand impensé face auquel l’humanisme a détourné les yeux depuis l’Antiquité » ; « le
simple fait de s’en apercevoir suffit à se retrouver en eau profonde ».
Avec ses Règles pour le parc humain, Peter Sloterdijk incite à penser la condition humaine qui vient avec l’anthropotechnologie.
Quelques mois plus tard, il prononce à Paris un deuxième discours dans lequel il développe ses positions : La Domestication de l’Être. Il y poursuit sa réflexion sur les conditions et le
mystère de l’irruption de l’humanité, et la voie que celle-ci peut suivre vers un apprivoisement d’elle-même.
La nature Frank Burbage (prépa)
Nous prêtons beaucoup à la nature : la mort, les droits, parfois même les enfants peuvent être qualifiés de naturels". On l'invoque pour tout et son contraire : tantôt pour réunir et intégrer
("tous les goûts sont dans la nature"), tantôt pour dénoncer ce qui serait contre nature"; tantôt pour justifier la guerre (la "loi de la jungle" coïnciderait avec "l'état de nature"), tantôt la
paix (au nom de la nature sociale de l'homme). Et que dire du présupposé positif à partir duquel on pense d'ordinaire le naturel par opposition à l'artificiel ? Il est pourtant des artifices
salutaires et des catastrophes naturelles... Quelle est la place de l'homme dans la nature et sa part de liberté ? Au nom de quoi l'homme serait-il possesseur de la nature ? Au carrefour de la
physique et de la métaphysique, de la science et de la théologie, la notion n'a pas fini de nourrir les controverses, aujourd'hui relancées par la préoccupation écologique. Cette anthologie
rassemble les plus grands textes sur la nature, de Platon à Deleuze, en passant par Aristote, Epicure, Lucrèce, Cicéron, Galilée, Hobbes, Descartes, Pascal, Spinoza, Leibniz, Hume, Rousseau,
Kant, Hegel, Nietzsche, Husserl, Bergson, Koyré, Jonas ou encore Levinas.
La nature Culture générale prépas commerciales ECS/ECE Concours 2016 Claire Stouff & Christophe Vallée
Véritable tout-en-un, cet ouvrage propose : Une présentation du thème (mise en contexte, notions clés, principaux enjeux et débats). Une méthodologie détaillée de la dissertation incluant les rapports des jurys. Une dizaine de sujets assortis de leurs corrigés. De très nombreuses pistes de sujets pour s'entraîner.
Présence de la nature Marcel Conche (HEC2)
« Si l’on veut se rendre présent à la présence de la Nature, ce qui est requis est non pas l’ingéniosité du doute cartésien, mais, au contraire, un supplément de naïveté, par laquelle on
revient, en deçà même des évidences communes, à une évidence première, plus immédiate. »
Les onze essais ici réunis, bien qu’apparentés par leur thème – la Nature –, ainsi que par l’expérience métaphysique qui les sous-tend et par leur visée, n’en sont pas moins indépendants les uns
des autres. La composition du livre, plutôt que linéaire, est comme étoilée. La Nature s’offre diversement, et l’on tente de l’approcher de divers points de vue : méditation sur la
phusis grecque, sur l’infini, sur le temps, sur telle pensée de Pascal, tel poème de Wislawa Szymborska ou de Rimbaud, aussi bien que sur le cours incertain de la Nature et le risque
écologique.
Le voile d'Isis Pierre Hadot (HEC2)
Un aphorisme hante la philosophie occidentale : celui d'Héraclite, qui veut que «la Nature aime à se voiler».
Près de vingt-cinq siècles durant, ces quelques petits mots ont successivement signifié : que tout ce qui naît tend à mourir ; quer la Nature s'enveloppe dans des formes sensibles et dans des
mythes ; qu'elle cache en elle des vertus occultes ; mais également que l'Être est originellement dans un état de contraction et de non-déploiement ; ou bien encore qu'il se dévoile en se
voilant. Ainsi cet aphorisme aura-t-il servi à expliquer les difficultés de la science de la nature, à justifier l'exégèse allégorique des textes bibliques ou à défendre le paganisme, à critiquer
la violence faite à la nature par la technique et la mécanisation du monde, à expliquer enfin l'angoisse qu'inspire à l'homme moderne son être-au-monde.
La même formule, illustrée par l'image du voile d'Isis et déployée par Pierre Hadot dans l'histoire de l'Occident, aura justifié, par suite de contresens créateurs, l'attitude prométhéenne -
l'homme doit se rendre maître et possesseur de la Nature - comme l'attitude orphique - nul ne peut soulever le voile des mystères de la Nature, sinon le poète et l'artiste. Elle n'aura jamais
cessé de tracer des perspectives nouvelles sur la réalité et de révéler les attitudes les plus diverses à l'égard de la Nature.
Par là, elle confirme le propos de Nietzsche : « Une bonne sentence est trop dure à la dent du temps et tous les millénaires n'arrivent pas à la consommer, bien qu'elle serve à tout moment de
nourriture.»