LA VERITE
Vérité et méthode : les grandes lignes d'une herméneutique philosophique Hans-Georg Gadamer
Vérité et Méthode (1960) vient plus de trente ans après l’Être et Temps de Heidegger (1927). Dans l’intervalle, le problème est devenu moins de prolonger l’élan de la pensée de Heidegger que de la retourner pour faire face aux sciences « humaines » - Geisteswissenschaften. S’il importe de sortir entièrement à leur propos de la « querelle des méthodes », c’est que la mise à distance qu’opère tout traitement « méthodologique » a déjà commencé de ruiner le fondamental rapport d’appartenance qui nous relie au domaine dans lequel le regard scientifique découpe son objet. Et que la compréhension portée par cette appartenance peut seule revendiquer la « vérité ».
Le livre de Gadamer est l’expression de ce combat que se livrent la « vérité » et la « méthode ». L’auteur poursuit la lutte dans les trois champs successifs de notre lien esthétique aux œuvres d’art, de notre lien historique aux héritages du passé, de notre lien langagier à l’ordre des signes et, à travers eux, à l’être-dit des choses. (La traduction présentée ici est celle du texte définitif, qui occupe la totalité du premier tome des Gesammelte Werke de Gadamer, paru en Allemagne, en 1986.)
Comment trouver, comment chercher une première vérité? Jules Lequier
De sa grande œuvre, La Recherche d’une première vérité, Jules Lequier n’a rédigé que le premier des huit livres prévus. Publié en 1865, cet ouvrage reste lui-même inachevé. Pour autant, il fait preuve d’une force, d’une densité philosophique et d’une audace remarquables. En quatre temps, Lequier reprend les questions de la liberté et de l’identité du sujet, s’imposant ainsi comme l’une des figures de la philosophie réflexive qui inspirera des penseurs comme Bergson ou Sartre. Reprenant le questionnement cartésien des Méditations métaphysiques, Lequier le poursuit et l’intensifie. Il ose ainsi dévoiler la fragilité du cogito et s’applique à remettre en cause la certitude de la pensée et son autonomie. Au principe de ce qui semblait nous définir le plus intimement, il n’y a, selon lui, que de la contingence. L’accès à la vérité est l’aveu d’une dépossession : celle du sujet incapable de devenir l’auteur de ses actes ou de ses réflexions car submergé par sa propre force. Au terme de cette épreuve intellectuelle, toutes les certitudes sont ébranlées et l’identité du sujet éclate en fragments, pour se démultiplier. Il ne reste à l’homme que son inaliénable pouvoir d’affirmation. L’affirmation de sa liberté, revendiquée comme création de soi – quand bien même celle-ci ne s’établit que dans une “indépendance dépendante” (qui annonce les formulations paradoxales de Sartre) –, semble être l’ultime mot d’ordre du philosophe. Il y a donc une urgence à vivre qui, même si elle semble se dérober en révélant l’indétermination du sujet, ouvre l’homme à ses possibles : une liberté plus angoissante mais aussi plus exaltante.
Démocrite, Epicure, Lucrèce : la vérité du minuscule Jean Salem
Il y avait la sentence convenue en vertu de laquelle l'atomisme de Démocrite résulterait d'un simple « monnayage de l’être éléatique ». Il y avait cette foule de monographies qui tendaient à « dématérialiser » l’atome démocritéen, à en faire tout ce qu’on voudra sauf un corpuscule. Jean Salem, prenant un parti contraire, s’est efforcé de présenter une interprétation matérialiste de cette pensée qu’il tient pour fondatrice du matérialisme philosophique. Bien loin de se réduire à un surgeon quelque peu baroque de l’éléatisme parménidien, la philosophie des atomes prolonge et amplifie les spéculations d’Empédocle et d’Anaxagore, voire celles des premiers physiologues ioniens. Elle a partie liée, en outre, avec la préhistoire et l’histoire de sciences. Aussi, malgré quelques divergences de doctrine, Épicure, et son disciple romain Lucrèce n’ont-ils fait que prolonger l’extraordinaire intuition de leur devancier Démocrite.
C’est en partant de tels principes que Jean Salem donne, dans les textes qui sont ici réunis, un commentaire de la Lettre dans laquelle Épicure résume son éthique; qu’il décrit la lutte que Lucrèce a menée contre la religion populaire; qu’il tente de déterminer ce que sont, du point de vue des épicuriens, les conditions du plaisir pur. L’auteur brosse ensuite une rapide esquisse de ce que pourrait être une histoire de l’atomisme philosophique: Démocrite, Épicure, Lucrèce, mais aussi les Mottécallemîn, Nicolas d’Autrecourt, Gassendi, Boyle, Cudworth, Newton, Diderot, etc. Il signale l’extrême intérêt du dogme touchant l’atomicité du temps, dogme que soutinrent plusieurs atomistes – grecs, romains, latins ou arabes. Jean Salem approuve enfin, dans l’étude qui clôt le présent recueil, ce qu’affirmait déjà l’antiquisant… Karl Marx: l’étrange théorie épicurienne de la déclinaison atomique possède au moins ce grand mérite qu’elle tente de « sauver », au sein même du matérialisme le plus radical, le fait incontestable de la liberté.
Vie et vérité : textes choisis Nietzsche
La vie et les oeuvres de Nietzsche Index des ouvrages cités Table des abréviations Chapitre premier. - Le nihilisme A. Les symptômes de la crise nihiliste B. L'origine du nihilisme : la métaphysique C. Vers le dépassement du nihilisme Chapitre II. - Le renversement de la métaphysique A. L'hallucination des arrière-monde B. L'interprétation idéaliste de la connaissance et de la vérité C. Les mirages du cogito D. La science en question E. L'origine du mensonge métaphysique : la morale, expression de la volonté de vengeance Chapitre III. - Le monde de la volonté de puissance A. Être et interprétation B. La volonté de puissance C. Le corps D. L'éternel retour E. Dionysos Chapitre IV. - Valeur et vérité A. Le pragmatisme vital de l'erreur-utile (la valeur) B. L'héroïsme de la connaissance et l'esprit de la justice C. La complicité de l'illusion et de la vérité Chapitre V. - Le surhomme A. L'éducation de l'homme à la surhumanité B. Le surhumain, idéal dionysiaque Index
La vérité en peinture Jacques Derrida
Disons que, pour m'en tenir au cadre, à la limite, j'écris ici quatre fois autour de la peinture. Quatre fois, dira-t-on autour de la peinture, donc dans les parages qu'on s'autorise, c'est toute l'histoire, à contenir comme les entours ou les abords de l'œuvre : cadre, passe-partout, titre, signature, musée, archive, discours, marché, bref partout où on légifère en marquant la limite, celle de la couleur même. Du droit à la peinture, voilà le titre ambitieux auquel j'aurais voulu accorder ce livre, son trajet autant que son objet, leur trait commun, qui n'est autre, ni un ni indivible, que le trait lui-même. JD.
Prolégomènes à toute métaphysique future Kant
Lorsque Kant écrit les Prolégomènes, il destine son texte aux professeurs : cet ouvrage expose la manière dont présenter aux élèves la réflexion développée dans la Critique de la raison pure. Rédigés dans un style clair, les Prolégomènes sont donc l'introduction idéale à Kant pour tous ceux qui hésitent à se plonger dans la Critique... et le meilleur commentaire possible de l'oeuvre pour ceux qui la connaissent déjà. Ayant pour question centrale la possibilité de la métaphysique, Kant s'attache à examiner si l'on peut dire quelque chose de Dieu, de l'âme, de la liberté, et si l'on peut jamais connaître réellement le monde qui nous entoure. Remettant en question les certitudes de son temps et les nôtres, son oeuvre est une expérience de pensée décisive et absolue qui marqua l'histoire de la philosophie et nous interroge encore aujourd'hui.
L' éthique de la discussion et la question de la vérité Jürgen Habermas
Jürgen Habermas est né en 1929, et il est un des représentants majeurs de la philosophie contemporaine. Son œuvre se déploie dans tous les registres de la philosophie : épistémologie, philosophie de l'histoire, philosophie du langage, philosophie morale et politique, théorie sociale, psychologie. Dans chacun de ces registres, il a introduit de très profondes innovations, tout particulièrement à la faveur du fameux " changement de paradigme " qu'il place au principe de ses travaux. Dans cet ouvrage, Habermas revisite magistralement la question de la vérité, afin de répondre à quelques-unes des objections qui furent adressées à son " éthique de la discussion "...
Apocalypse de la vérité Jean Vioulac
Martin Heidegger a vu dans l'avènement grec de la vérité comme identification de l'être et de la raison l'origine du dispositif technologique planétaire qui rend aujourd'hui possible l'annihilation de l'homme et du monde. Cette catastrophe met en évidence la finitude de la vérité ontologique, ainsi que son opacité à l'originaire, d'emblée renvoyé dans le néant. L'affaire de la pensée exige aujourd'hui de surmonter la décision qui a inauguré notre destin. Heidegger a tenté de le faire à partir de Hölderlin, dans une lecture qui identifie le mystère de l'originaire à la Terre et subordonne le réenracinement de la vérité à l'avènement d'une ultime figure du divin. Jean Vioulac propose une alternative au néopaganisme heideggérien. En suivant la voie ouverte par saint Paul qui pense le Logos comme mystère, ou celle de Maître Eckhart, qui identifie l'originaire avec l'abîme de la déité, c'est l'incarnation de la vérité, et non son enracinement, qui s'avère susceptible de sauvegarder le mystère. L'incarnation du Logos s'impose ainsi comme un "autre Commencement", antagoniste au Commencement grec bien qu'en étroite connexion avec lui. Dans cette perspective, le christianisme constitue non plus un obstacle au projet philosophique de Heidegger. Au contraire, il se révèle dans Apocalypse de la vérité comme la condition de possibilité de son achèvement.
De l'essence de la vérité. Approche de l'«allégorie de la caverne» et du «Théétète» de Platon
Martin Heidegger
Professé sous le titre De l'essence de la vérité à l'Université de Fribourg-en-Brisgau durant le semestre d'hiver 1931-1932, ce cours de Heidegger aborde la question de la vérité en faisant retour à un moment déterminé de l'histoire de la pensée, le moment platonicien.
Heidegger y montre qu'une nouvelle conception de la vérité cherche à se faire jour chez Platon, ou plutôt qu'une conception originaire et matinale cède la place à une autre, dérivée et désormais prépondérante. À la vérité «ontologique» initialement entendue, chez les Présocratiques et Héraclite, comme ouvert sans retrait, se substitue la vérité «logique», conçue comme accord de la proposition et de la chose, conception qui, sous diverses formes, est la seule que nous connaissions aujourd'hui. L'idéalisme platonicien constitue de ce point de vue un tournant, et un événement majeur de l'histoire du concept de vérité où se joue le destin de la pensée occidentale.
On voit ainsi se mettre en place dans ce cours, prononcé à une époque charnière du chemin de pensée de Heidegger, quelques-uns des grands thèmes qui seront au centre de son exploration ultérieure de la métaphysique.
Y a-t-il une vérité ? Jean Daujat
L'intelligence humaine peut-elle savoir ce qui est vrai ou faux ?
Question essentielle à laquelle ce livre a l'ambition de répondre en retournant aux vérités philosophiques fondamentales qui sont les principes directeurs de la vie individuelle.
Il y a en effet, contrairement à ce que pensent beaucoup de nos contemporains, des certitudes obtenues par l'expérience et le raisonnement et dont les conclusions peuvent être admises et comprises par tous.
Issu de quarante ans de pratique, cet enseignement suit un plan pédagogique en abordant la question de l'être, de l'objet de la connaissance et des limites de l'intelligence, des moyens d'action de l'homme et enfin des êtres immatériels, de la conscience et de l'existence de Dieu et de ce que nous pouvons connaître de lui sans faire appel à la révélation.
Jean Daujat n'écarte pas non plus le statut des vérités révélées.
En effet, même la foi a besoin de l'intelligence.
Elle présuppose que l'intelligence humaine qui va adhérer aux vérités révélées en les croyant vraies est une faculté de connaissance qui sait discerner le vrai du faux et reconnaître la vérité avec certitude.
La vérité Etudes réunies & présentées par Olivier Guerrier
La vérité, thème choisi pour les journées scientifiques de 2013 de l’Institut Universitaire de France et dont ce volume constitue les Actes, donne naturellement lieu à des traitements divers, comme le manifestent les dix-neuf contributions réunies ici, selon une progression qui se veut finalement moins fonction du partage entre « Sciences Humaines » et « Sciences Dures », que des modes de saisie du thème. Un premier ensemble traite ainsi de la nature de la vérité, sous un angle si l’on veut épistémologique et historique, en mettant notamment en valeur certains de ses « régimes » – exégétique, allégorique, mimétique, testimonial –, et donc les modes de production qui les caractérisent. Un second ensemble envisage le bon usage de la vérité et de sa recherche, posant davantage des questions éthiques et juridiques, autour de l’histoire, du droit international ou de l’environnement. On entrevoit du coup l’importance de l’autorité qui administre la vérité,
et parfois malheureusement la falsifie. Enfin, un dernier ensemble se centre plutôt sur les pratiques de la vérité, appliquées à divers lieux, objets ou contenus de savoir. La vérité vient volontiers frayer ici avec l’erreur, selon une articulation qui est un moteur majeur des mutations scientifiques. Sans aucunement prétendre à l’exhaustivité, l’ensemble, conformément à l’esprit de l’Institut universitaire de France, entend montrer, sur fond de différences évidentes, les points de partage ou de confrontation qui peuvent exister sur le sujet entre les nombreuses disciplines de ses contributeurs.
Le prix de la vérité : le don, l'argent, la philosophie Marcel Hénaff
Existe-t-il des biens matériels ou immatériels qui échappent à toute évaluation marchande ? Y a-t-il un rapport entre la vérité - ou plutôt entre la philosophie, cette discipline qui en fait sa question propre - et l'argent ? Peut-on parler d'un prix de la vérité ? Contrairement aux Sophistes qui exigent d'être payés, Socrate parle gratuitement. Il peut cependant accepter des présents qui répondent au don qu'il transmet. Il le faut même, assure Aristote, car le savoir n'est pas mesurable.
Mais qu'est-ce donc que donner ? Est-ce offrir quelque chose ? L'enquête anthropologique montre que le problème est ailleurs : donner, c'est reconnaître pour être reconnu. Donner, c'est se donner dans ce que l'on donne. C'est défier pour lier. Mais comment cela s'articule-t-il avec le don fait aux divinités ? Qu'est-ce qui appelle le sacrifice, l'immolation de l'offrande ? S'agit-il d'éteindre une dette ? Pour cela, faut-il un don unilatéral, une grâce ? Qui peut unir souverainement une communauté par une faveur offerte à tous ? On pressent que la relation de don est au cœur du lien social.
Le mouvement du don diffère de l'échange marchand. Celui-ci, lié à l'outil monétaire et au modèle du contrat, possède sa nécessité économique, politique et éthique propre dans la cité de la différenciation des tâches. Le don relève d'un autre ordre et affronte cette question : qui est autrui et pourquoi autrui m'oblige-t-il inconditionnellement ? Donner indique que l'exigence ultime est toujours celle-ci : reconnaître et être reconnu selon un impératif de respect. L'argent a le pouvoir de menacer cette exigence et de détruire le lien qui unit les hommes. Il peut corrompre infiniment. Pourquoi ? Répondre à cela, c'est comprendre en quoi le prix - sans prix - de la vérité n'est pas séparable de celui de la dignité.
La vérité Alexandre Abensour, Nicolas Tenaillon
La recherche de la vérité, projet originaire de la philosophie, a connu bien des mutations. Depuis "les maîtres de vérité" de la Grèce antique jusqu'aux théories déflationnistes de la logique contemporaine et aux efforts de la pensée herméneutique pour donner sens à une approche plurielle du vrai, ce manuel met en perspective les grandes approches de la vérité, y compris dans leur dimension psychologique, morale, politique et esthétique.
La présente édition propose, outre un cours approfondi, une série de vingt textes commentés afin de travailler activement des auteurs aussi différents que Platon, Rousseau, Hegel... Un manuel complet accompagné d'outils pédagogiques efficaces : 5 dissertations entièrement rédigées, un glossaire pour préparer dans les meilleures conditions le thème au programme.
Le regard de la vérité, 5 études sur Sénèque Stefano Maso
Qu'est-ce que la sagesse selon Sénèque, philosophe latin stoïcien, précepteur de Néron (Ier siècle après J-C) ? A travers le concept d'autoréférentialité utilisé par l'auteur pour la définir, il faut comprendre que l'individu sage est celui qui conçoit le destin comme l'expression de sa propre existence. La réalité lui apparaît alors comme la manifestation d'une vérité absolue, à l'aune de laquelle il doit juger ses actions. Ce regard distancié est en même temps celui de la vérité elle-même, énigmatique symétrie que l'auteur tente ici d'analyser.
Philosophie et vérité livre I François Baudin
L’activité philosophique, inventée il y a plus de deux mille cinq cents ans en Grèce, a été considérée comme l’insigne privilège de l’homme. Cependant cette matière n’en a pas encore fini avec la question de savoir ce qu’elle est. Comment une discipline si ancienne peut-elle toujours à ce point nous interroger ? L’énigme garde tout son mystère malgré les milliers de textes qui se présentent à nous.
Discours et vérité livre II François Baudin
Discours et vérité est la suite du premier livre qui s'intitulait Philosophie et vérité. Son objet est de parler du discours humain. Lorsqu'on dit discours, on entend tous les discours et créations dont le but est de présenter une chose et parfois la représenter sous une autre forme et avec d'autres matériaux. Le philosophe a pour seuls matériaux les mots qu'il utilise et articule en une phrase. Cette articulation de mots transmet un sens à celui qui les reçoit et les lit. Voilà peut-être la simple vérité du discours. Ce texte est une interrogation sur la possibilité du discours et sur son lien avec la vérité. La vérité étant considérée comme adéquation. Mais la vérité comme adéquation ou conformité n'a pas été toujours sa seule définition. Il en est d'autres... Puissance et tyrannie du discours, déploiement de la langue et du sens : le discours s'intègre dans le système plus vaste des choses du monde en devenir. Il contribue au passage du sens et à la dynamisation du réel comme à sa transformation. Le lien véritable entre discours et vérité, comme sens et puissance de transformation, comme Logos, est peut-être la seule question philosophique qui nous est posée aujourd'hui. Dans ce second livre, François Baudin poursuit son travail philosophique sur l'être et la vérité.
Métaphysique Tome 1 livre A-Z Aristote
Œuvre capitale d’Aristote, la Métaphysique rentre dans la classe des écrits destinés au public philosophique. La métaphysique ou Philosophie première, occupe le sommet de la hiérarchie des sciences théorétiques, en raison de l’absolue réalité de son objet, qui est la forme pure, immobile, éternelle et séparée.
Originaire de Stagire, de 46 ans plus jeune que Platon, Aristote vint à Athènes à l’age de 17 ans et séjourna vingt ans dans l’entourage de Platon, ayant ainsi l’occasion d’acquérir une grande connaissance de la philosophie du maître.
Art & vérité Jean Granier
Depuis le XIXe siècle, marqué notamment par les œuvres de Hegel et de Schopenhauer, les philosophes ont bien continué à réfléchir sur l'Art, mais aucune « philosophie de l'Art », dans l'acception radicale et systématique du terme, n'a vu le jour. C'est précisément une telle approche qui est ici proposée, en accord avec les exigences de cohérence conceptuelle et de rigueur qui caractérisent l'« argumentation philosophique ».
Ces exigences conduisent alors non seulement à dissiper une quantité de malentendus (dont la trop fameuse notion du « message », avec ses variantes), mais encore à discuter les relations si paradoxales entre l'« art » et la « vérité », et à développer des idées novatrices quant à l'affectivité, à l'inconscient et à l'imaginaire. Toujours l'argumentation repose sur une ample documentation et sur nombre de références aux analyses des spécialistes de l'esthétique, ce qui permet à la fois d'illustrer les idées par une large gamme d'exemples et de garantir la pertinence des commentaires au regard des œuvres citées.
Cette philosophie de l'art s'adresse donc à un public très étendu, pourvu que celui-ci accepte d'enrichir son goût intuitif pour les arts ou son érudition de spécialiste avec les ressources de la raison pensante en philosophie. L'interdisciplinarité, en outre, a tout à y gagner ! Enfin ce livre complète, de manière opportune, une œuvre philosophique traitant des questions majeures de la condition humaine ; il lui emprunte sa méthode et ses orientations. Il confirme ainsi, sur un thème particulièrement instructif, la vocation de cette philosophie, nommée « l'intégralisme à l'interprétation universalisante ».
Peut-on ne pas croire? Sur la vérité, la croyance et la foi Jacques Bouveresse
Tout en se disant incroyants, certains intellectuels se posent aujourd’hui en défenseurs de la religion au nom de choses comme le besoin de sacré et de transcendance, ou le fait que le lien social ne peut être, en dernière analyse, que de nature religieuse.
Mais ce que l’on observe actuellement correspond sans doute moins à un « retour du religieux » qu’à ce que Musil appelait la « nostalgie de la croyance », qu’une époque par ailleurs foncièrement incroyante a une tendance fâcheuse à confondre avec la croyance elle-même. Et ce à quoi nous sommes confrontés est en réalité bien plus une utilisation nouvelle de la religion – dans ce qu’elle peut comporter de plus traditionnel et même de plus archaïque – par le pouvoir et la politique, qu’un renouveau religieux proprement dit.
En ouvrant une brèche dans nos certitudes les plus fondamentales en matière de théorie de la connaissance et d’épistémologie, le postmodernisme a pris, consciemment ou non, le risque d’encourager les religions à s’y engouffrer, avec l’espoir de réussir à récupérer une partie de l’ascendant qu’elles ont exercé pendant longtemps sur le monde intellectuel lui-même et perdu ensuite largement au profit de la science moderne.
La Connaissance de l’écrivain. Sur la littérature, la vérité & la vie Jacques Bouveresse
Les postmodernes ont érigé la littérature en une sorte de genre suprême, dont la philosophie et la science ne seraient que des espèces. Chacune des trois disciplines aurait aussi peu de rapport avec la vérité que les autres ; chacune se préoccuperait uniquement d’inventer de bonnes histoires, que nous honorons parfois du titre de « vérités » uniquement pour signifier qu’elles nous aident à résoudre les problèmes que nous avons avec le monde et avec les autres hommes.
Une des conséquences les plus remarquables de cette conception a été de détourner l’attention de la question cruciale : pourquoi avons-nous besoin de la littérature, en plus de la science et de la philosophie, pour nous aider à résoudre certains de nos problèmes ? Et qu’est-ce qui fait exactement la spécificité de la littérature, considérée comme une voie d’accès, qui ne pourrait être remplacée par aucune autre, à la connaissance et à la vérité ?
Quelle sorte de savoir trouve-t-on dans un roman, que ni la vie quotidienne ni une étude scientifique ne nous communiquent ? En quel sens peut-on parler de vérité en littérature ? Quels rapports y a-t-il entre la forme d’une œuvre et la connaissance qu’elle nous procure ? Convaincu que la littérature, autant que les sciences, mérite une philosophie exacte, il croise ici les réflexions de philosophes contemporains, comme Putnam et Nussbaum, avec celles de Zola, Henry James et Proust.
Vérité et existence J.P Sartre
«Je cherche donc la morale d'aujourd'hui... J'essaye d'élucider le choix qu'un homme peut faire de soi-même et du monde en 1948.» Dans cette recherche, Sartre devait rencontrer le problème de la vérité sous un jour particulier ; il l'avait déjà abordé dans ses Cahiers pour une morale (1947-1948) ; quelques mois plus tard il recevait De l'essence de la Vérité, traduction d'une conférence de Martin Heidegger, récemment parue. Il est possible que la lecture de l'opuscule, auquel il fait allusion, l'ait incité à préciser sa propre conception de la vérité et qu'il ait eu, un moment, l'intention de publier Vérité et existence. C'est en tout cas, parmi les écrits posthumes de sa maturité, le seul, à notre connaissance, qui se présente comme un texte complet. Pour l'auteur de L'Être et le Néant, il s'agit d'évaluer le rôle de l'idée de vérité dans l'intersubjectivité des existants - comme l'indique le titre, qui est sien.
Théorie critique Max Horkheimer
Le présent recueil vise à donner une vue d'ensemble de l'itinéraire de Horkheimer : composé en majeure partie de textes publiés d'abord dans la Zeitschrift für Sozialforschung, au cours des années 1930-1940, il contient les trois grands essais, Matérialisme et morale (1933), A propos de la querelle du rationalisme dans la philosophie contemporaine (1934) et Sur le problème de la vérité (1935), qui annoncent le "Manifeste" de 1937, Théorie traditionnelle et théorie critique. Des textes, antérieur - la présentation institutionnelle de l'Institut de recherches sociales (1931) - et postérieur - la conférence de 1970, La Théorie critique hier et aujourd'hui -, permettent de s'interroger sur la périodisation de la théorie critique ; faut-il en penser le développement sous le signe de l'évolution ou de la rupture ? L'Etat autoritaire (1942) pose la question politique fondamentale de notre temps.
Trois grandes tâches requièrent la théorie critique :
- Faire prendre conscience à toute théorie de l'intérêt social qui l'anime et la détermine.
- Travailler à la constitution d'une société répondant aux exigences de la raison.
- Déconstruire le devenir de la raison pour en distinguer les différentes figures.
Volonté d'émancipation, persévérance, décision sont les qualités propres de la raison matérialiste. Contre l'Etat autoritaire et les théories qui en font un destin, demeure la question : qu'est-ce que penser la liberté ? "Tant que l'histoire universelle va son chemin logique, elle ne remplit pas sa destination humaine."
Les présentateurs L. Ferry et A. Renaut situent la théorie critique dans le champ "des voies et des impasses" où la pensée se sera engagée tout au long du XXe siècle.
A quoi bon la vérité? Pascal Engel & Richard Rorty
Relativisme, scepticisme, dogmatisme... ces problèmes hantent depuis toujours les philosophes s'interrogeant sur la vérité, sa nature et la valeur qu'il faut lui reconnaître. Dans ce débat sans concession, Richard Rorty et Pascal Engel exposent et précisent leurs profondes divergences, offrant ainsi des voies d'accès privilégiées à une manière plus approfondie et peut-être mieux affirmée, de penser la vérité. Qu'attendons-nous de la vérité ? En avons-nous besoin ? Ces questions ont-elles seulement un sens ?
Vérité et mensonge au sens extra-moral Friedrich Nietzsche
Dans Folioplus philosophie, le texte philosophique, associé à une œuvre d'art qui l'éclaire et le questionne, est suivi d'un dossier organisé en six points :
– Les mots du texte : Vérité, mensonge, langage
– L'œuvre dans l'histoire des idées : De Platon à Kant, une généalogie de l'idéalisme
– La figure du philosophe : Portrait du philosophe en artiste
– Trois questions posées au texte : Peut-on dire le vrai? La vérité est-elle supérieure à la vie? Peut-on fonder une éthique sur une esthétique?
– Groupement de textes : Le mot et la chose
– Prolongements
Le problème Spinoza Irvin Yalom
Le 10 mai 1940, les troupes nazies d’Hitler envahissent les Pays-Bas. Dès février 1941, à la tête du corps expéditionnaire chargé du pillage, le Reichsleiter Rosenberg se rue à Amsterdam et confisque la bibliothèque de Spinoza conservée dans la maison de Rijnsburg.
Quelle fascination Spinoza peut-il exercer, trois siècles plus tard, sur l’idéologue nazi Rosenberg ? L’œuvre du philosophe juif met-elle en péril ses convictions antisémites ? Qui était donc cet homme excommunié en 1656 par la communauté juive d’Amsterdam et banni de sa propre famille ?
Le Dr Yalom aurait-il pu psychanalyser Spinoza ? ou Rosenberg ? Le cours de l’histoire en aurait-il été changé ? Dans la lignée de son bestseller Et Nietzsche a pleuré, ce nouveau roman d’Irvin Yalom, à la fois incisif et palpitant, nous tient en haleine face à ce qui fut de tout temps Le Problème Spinoza.
Et Nietzsche a pleuré Irvin Yalom
Venise, 1882. La belle et impétueuse Lou Salomé somme le Dr Breuer de rencontrer Friedrich Nietzsche. Encore inconnu du grand public, le philosophe traverse une crise profonde due à ses relations orageuses avec Lou Salomé et à l’échec de leur ménage à trois avec Paul Rée. Friedrich Nietzsche ou le désespoir d’un philosophe. Le Dr Breuer, l’un des fondateurs de la psychanalyse. Un pacte secret, orchestré par Lou Salomé, sous le regard du jeune Sigmund Freud. Tout est là pour une magistrale partie d’échecs entre un patient extraordinaire et son talentueux médecin. Mais qui est le maître ? Qui est l’élève ? Qui soigne qui ? Et c’est à une nouvelle naissance de la psychanalyse, intense, drôle et machiavélique, que nous convie Irvin Yalom.
Le tort du soldat Erri De Luca
Un vieux criminel de guerre et sa fille dînent dans une auberge au milieu des Dolomites et se retrouvent à la table voisine de celle du narrateur, qui travaille sur une de ses traductions du yiddish. En deux récits juxtaposés, comme les deux tables de ce restaurant de montagne, Erri De Luca évoque son amour pour la langue et la littérature yiddish, puis, par la voix de la femme, l'existence d'un homme sans remords, qui considère que son seul tort est d'avoir perdu la guerre. Le tort du soldat est un livre aussi bref que percutant qui nous offre un angle inédit pour réfléchir à la mémoire si complexe des grandes tragédies du XXe siècle.
Les Saintes du scandale Erri De Luca
«Elles s’appellent Tamàr, Rahàv, Ruth, Bethsabée, Miriam-Marie. La première se vêtit en prostituée pour s’offrir à l’homme désiré. La deuxième était prostituée de profession et trahit son peuple. La troisième se glissa la nuit sous les couvertures d'un riche veuf et se fit épouser. La quatrième fut adultère, elle trahit son mari qui fit tuer son amant. La dernière tomba enceinte avant ses noces et l’enfant n’était pas de son époux.»
L'axiomatique Robert Blanché
« On voit quelles attitudes philosophiques l’axiomatique contrarie, quelles elle favorise. Elle répugne à un dogmatisme de la synthèse, au rêve d’un point de départ absolu qui assurerait à la déduction une sécurité définitive. C’est à la totalité de la science qu’elle étend maintenant la forme hypothético-déductive ».
« Comme la méthode expérimentale avait discrédité l’espoir cartésien d’une physique démonstrative, aujourd’hui le logicisme, l’idée d’une science rationnelle qui ne présupposerait plus rien, se voit démenti par la régression axiomatique qui, si loin qu’elle pousse, trouve toujours devant soi un “antérieur” non assimilé. Mais pas plus qu’ils ne s’imposent par une évidence intrinsèque, pas davantage les axiomes ne résultent de décrets arbitraires. »
Langage et logique dans Signification et vérité de Bertrand Russell Nyitouek Amvene
Russell établit un lien étroit entre le langage et la logique : le langage exprime les faits à travers les phrases ou les propositions. Toutefois le fait ainsi exprimé ne peut coïncider avec la vérité que si la formulation de l'expression est elle-même bonne. Or, il se trouve que, d'après Russell, la logique classique est inopérante dans cette perspective, puisqu'elle est incapable de construire un langage formulaire idéal. On peut alors comprendre pourquoi Russell, à la suite de Frege et de Peano, entend refonder la logique. Nous passons avec Russell de la logique classique, essentiellement prédicative, descriptive à une logique moderne qui est relationnelle et symbolique. Plus précisément, le langage de la logique classique s'occupe de la dénomination, de la simple désignation ou prédication, alors que le langage de la logique moderne s'intéresse à la signification. Bertrand Russell est convaincu que c'est la signification qui permet la vérification des faits et finalement l'établissement de la vérité.
Valeur et vérité : Etudes cyniques André Comte-Sponville
Comment penser le rapport entre La valeur et La vérité ?
Si la valeur est vraie, comment échapper à la religion ? Si elle ne l’est pas, comment échapper au nihilisme ?
Si la vérité commande, comment échapper au dogmatisme ? Si elle obéit, comment échapper à la sophistique ?
Il s’agit ici, à la suite de Diogène et Machiavel, mais aussi de Montaigne, Pascal ou Spinoza, de trouver une autre voie. Le cynique, en ce sens philosophique, c’est celui qui disjoint les ordres : il ne se fait d’illusions ni sur la vérité (qui est sans valeur intrinsèque) ni sur la valeur (qui est sans vérité objective) ; mais il ne renonce pourtant ni à l’une ni à l’autre. La vérité ne vaut que pour qui l’aime ; la valeur n’est vraie que pour autant qu’on s’y soumet. C’est où se croisent la connaissance et le désir : c’est où l’amour rencontre, parfois, la vérité qui le contient.
De là une morale et d’avantage. Les cyniques, disait Montaigne, donnent « extrême prix à la vertu » : le cynisme est une philosophie sans foi ni loi, mais non sans fidélité ni courage.
Raison, vérité et histoire Hilary Putnam
L’influence d’Hilary Putnam s’exerce sur une très grande diversité de sujets philosophiques très spécialisés : philosophie de la logique et des mathématiques, philosophie de la physique, philosophie du langage, fondements philosophiques de la psychologie.
Raison, vérité et histoire est un ouvrage où l’auteur aborde pour la première fois des questions éthiques. Le livre prend son point de départ dans la philosophie du langage et la théorie de la référence. Il aborde les questions traditionnelles des rapports entre le corps et l’esprit sous l’angle très original du paradoxe des cerveaux dans une cuve, lesquels, montre Putnam, ne pourraient pas véritablement, s’ils existaient, penser qu’ils sont des cerveaux dans une cuve. Cet argument est destiné à limiter la portée du réalisme métaphysique. Putnam passe ensuite à la critique de deux conceptions de la rationalité scientifique, la conception défendue par les partisans du positivisme logique et celle défendue par les partisans du courant historiciste et relativiste. Selon lui, ces deux conceptions insatisfaisantes servent de base aux deux conceptions antithétiques, également inacceptables et prépondérantes de la vérité scientifique : la conception objectiviste et la conception subjectiviste. Outre l’intérêt intrinsèque de l’argumentation de Putnam, le livre a ce mérite particulier pour le lecteur français que Putnam y discute explicitement les thèses et les points de vue d’auteurs français récents dont Althusser et surtout Foucault, dont il compare les vues à celles de Kuhn et de Feyerabend. Enfin, il examine les conséquences de ses propres conceptions touchant à la rationalité et à la vérité scientifique sur la philosophie éthique et en particulier sur la fameuse dichotomie, qu’il rejette, entre faits et valeurs. La qualité de l’argumentation ne se dément jamais. Cet ouvrage sera d’une grande utilité à des étudiants auxquels il présente, en quelques pages, certains des problèmes les plus profonds de la philosophie actuelle tout en leur conférant une perspective historique.
Sujet et vérité dans le monde social-historique Séminaires 1986-1987 : La création humaine 1 Cornélius Castoriadis
Les séminaires de Cornelius Castoriadis à l’EHESS (1980-1995), dont le contenu a nourri quelques-uns des textes les plus importants de la série des Carrefours du labyrinthe, devaient servir de matériau à son dernier grand ouvrage, La Création humaine, qu’il n’a malheureusement pu mener à son terme. Sur Le Politique de Platon (1999) reprenait une partie de l’enseignement de l’année 1986.
On trouvera dans le présent volume, qui inaugure la publication intégrale de ses séminaires, la transcription ? effectuée par Castoriadis lui-même ? de ceux de l’année 1986-1987. Il y aborde deux questions pour lui indissociables : qu’en est-il du sujet aujourd’hui ? Et : dans quelle mesure y a-t-il création social-historique de la vérité ?
Sujet et vérité dans le monde social-historique est un nouveau témoignage d’une pensée puissamment originale, pour laquelle la société, l’histoire et la psyché humaine sont les objets privilégiés de la réflexion philosophique.
Vérité et justice dans la philosophie de Emmanuel Lévinas Francisco Xavier Sanchez Hernandez
Selon Lévinas, c'est d'abord par l'écoute (shema) et ensuite par la parole (logos) que nous pourrons établir une "relation" avec la Vérité. De quel type de relation s'agit-il ? C'est à travers la difficulté de cette relation entre la vérité et la justice, entre l'appel et la réponse, que l'auteur entre dans la philosophie d'Emmanuel Lévinas. Pour cela l'auteur suit l'itinéraire philosophique de Lévinas, depuis ses premiers écrits jusqu'à ses dernières publications, pour "découvrir avec lui" la complexité de la relation vérité-justice.
A toutes voiles vers la vérité : une autre histoire de la philosophie au temps des lumières Stéphane Van Damme
Comment comprendre l’omniprésence de la philosophie dans les sociétés des XVIIe et XVIIIe siècles ? L’histoire des idées et des concepts y suffit-elle ? En s’intéressant à la vie matérielle des philosophes, à leurs amitiés, à leurs voyages, à la transmission de leurs écrits et de leurs archives, en les suivant dans les salons, les cours, les académies, les salles de spectacle et les jardins botaniques, de Paris à Édimbourg et de Rome à New York, Stéphane Van Damme offre un regard nouveau sur le monde des Lumières. En privilégiant une philosophie de plein air, les revendications de « recherche de la vérité », de quête de « nouveauté » retrouvent alors pleinement leur sens social et politique. Ce livre esquisse une autre histoire de la philosophie qui cherche à rendre visible la philosophie moderne dans l’épaisseur des pratiques.
L'oeuvre d'art : l'expérience esthétique de la vérité Walter Menon
Selon l'auteur, l'art et la philosophie partagent le même objet : la vérité. Au début du XXe siècle, le tournant linguistique en philosophie affirme la structure du langage selon la perspective pragmatique dérivée de la pensée de Charles S. Pierce, du second Wittgenstein et de J. L. Austin, entre autres. A cette époque, Marcel Duchamp met en évidence le fondement conceptuel et énonciatif de l'art à travers les ready-mades. Ainsi, le ready-made est plutôt le nom d'une "opération" intrinsèque à tout acte d'énonciation possible de la vérité.
Subjectivité et vérité. Cours au Collège de France. 1980-1981
« L’hypothèse de travail est celle-ci : il est vrai que la sexualité comme expérience n’est évidemment pas indépendante des codes et du système des interdits, mais il faut rappeler aussitôt que ces codes sont étonnamment stables, continus, lents à se mouvoir. Il faut rappeler aussi que la façon dont ils sont observés ou transgressés semble elle aussi très stable et très répétitive. En revanche le point de mobilité historique, ce qui sans doute change le plus souvent, ce qui a été le plus fragile, ce sont les modalités de l’expérience. »
Michel Foucault
Foucault prononce en 1981 un cours qui marque une inflexion décisive dans son chemin de pensée et le projet ébauché dès 1976 d’une Histoire de la sexualité. C’est le moment où les arts de vivre deviennent le foyer de sens à partir duquel pourra se déployer une pensée neuve de la subjectivité. C’est le moment aussi où Foucault problématise une conception de l’éthique comprise comme l’élaboration patiente d’un rapport de soi à soi. L’étude de l’expérience sexuelle des Anciens permet ces nouveaux déploiements conceptuels. Dans ce cadre, Foucault analyse des écrits médicaux, des traités sur le mariage, la philosophie de l’amour ou la valeur pronostique des rêves érotiques, afin d’y retrouver le témoignage d’une structuration du sujet dans son rapport aux plaisirs (aphrodisia) antérieure à la construction moderne d’une science de la sexualité, antérieure à la hantise chrétienne de la chair. L’enjeu est en effet d’établir que l’imposition d’une herméneutique patiente et interminable du désir constitue l’invention du christianisme. Mais pour cela, il importait de ressaisir la spécificité irréductible des techniques de soi antiques.
Dans cette série de leçons, qui annoncent clairement L’Usage des plaisirs et Le Souci de soi, Foucault interroge particulièrement le primat grec de l’opposition actif / passif sur les distinctions de genre, ainsi que l’élaboration par le stoïcisme impérial d’un modèle de lien conjugal prônant une fidélité sans faille, un partage des sentiments, et conduisant à la disqualification de l’homosexualité.
La démocratie des crédules Gérald Bronner
Pourquoi les mythes du complot envahissent-ils l'esprit de nos contemporains ? Pourquoi le traitement de la politique tend-il à se peopoliser ... ? Pourquoi se méfie-t-on toujours des hommes de sciences ? Comment un jeune homme prétendant être le fils de Mickael Jackson et avoir été violé par Nicolas Sarkozy a-t-il pu être interviewé à un grand journal de 20 heures ? Comment, d'une façon générale, des faits imaginaires ou inventés, voire franchement mensongers, arrivent-ils à se diffuser, à emporter l'adhésion des publics, à infléchir les décisions des politiques, en bref, à façonner une partie du monde dans lequel nous vivons ? N'était-il pourtant pas raisonnable d'espérer qu'avec la libre circulation de l'information et l'augmentation du niveau d'étude, les sociétés démocratiques tendraient vers une forme de sagesse collective ?
Cet essai vivifiant propose, en convoquant de nombreux exemples, de répondre ã toutes ces questions en montrant comment les conditions de notre vie contemporaine se sont alliées au fonctionnement intime de notre cerveau pour faire de nous des dupes. Il est urgent de le comprendre.
Pilate et Jésus Giorgio Agamben
Qui est Ponce Pilate, ce préfet de Judée devant lequel s'est tenu le procès de Jésus, aboutissant à la crucifixion ? Un tyran cruel et impitoyable ou un fonctionnaire craintif et hésitant, finalement convaincu par le sanhédrin de condamner un homme qu'il considère pourtant comme innocent ? Un masque sarcastique et désabusé qui prononce des paroles mémorables ("Qu'est-ce que la vérité ?" "Ecce Homo !", "Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit") ou une austère figure théologique sans laquelle le drame de la passion n'aurait pu s'accomplir ? Reprenant le procès dans chacune de ses phases, Giorgio Agamben en propose une lecture précise et originale. Dans le dialogue entre Pilate et Jésus, ce sont deux mondes et deux règnes qui se font face : l'histoire et l'éternité, le sacré et le profane, le jugement et le salut.
Histoire et vérité Paul Ricoeur
Est-il possible de comprendre l'histoire révolue et aussi de vivre - et, pour une autre part, de faire - l'histoire en cours, sans céder à l'esprit de système des " philosophes de l'histoire ", ni se livrer à l'irrationalité de la violence ou de l'absurde ? Quelle est alors la vérité du métier d'historien ? Et comment participer en vérité à la tâche de notre temps ? Tous les écrits de ce recueil débouchent sur ce carrefour d'interrogations. Ceux de la première partie, plus théoriques, sont inspirés par le métier de philosophe et d'historien de la philosophie, que pratique l'auteur. Dans 1a seconde partie, à travers des thèmes de civilisation et de culture (le travail, la violence, la parole, l'angoisse, la sexualité), Paul Ricœur s'interroge sur la manière dont la vérité advient dans l'activité concrète des hommes.
L'idée de la phénoménologie Edmund Husserl
Les cinq leçons dont se compose L'idée de la phénoménologie furent prononcées à l'Université de Göttingen, en avril-mai 1907. Husserl traversait alors une crise tant personnelle (le retard persistant à l'accès au statut de professeur ordinaire en philosophie) que théorique (aucune publication depuis les Recherches logiques de 1900-1901, mal comprises d'ailleurs par ses contemporains). D'où une nouvelle décision : " En premier lieu, je nomme le problème général que je me dois de résoudre pour moi, si je veux pouvoir me donner le titre de la philosophie. Je veux dire une critique de la raison (...). J'ai plus qu'assez goûté aux tourments de l'obscurité, du doute qui va et vient. Je dois parvenir à une intime assurance. Je sais bien qu'il s'agit là d'une grande, d'une très grande chose, je sais bien que de grands génies y ont échoué et, si je voulais me comparer à eux, je devrais me désespérer par avance " (Journal, en date du 25 septembre 1906, FIua, I, P. VII-VIII)
Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits. Christian Salmon
Depuis qu'elle existe, l'humanité a su cultiver l'art de raconter des histoires, un art partout au cœur du lien social. Mais depuis les années 1990, aux États-Unis puis en Europe, il a été investi par les logiques de la communication et du capitalisme triomphant, sous l'appellation anodine de « storytelling ». Derrière les campagnes publicitaires, mais aussi dans l'ombre des campagnes électorales victorieuses, de Bush à Sarkozy, se cachent les techniciens sophistiqués du storytelling management ou du digital storytelling, pour mieux formater les esprits des consommateurs et des citoyens.
C'est cet incroyable hold-up sur l'imagination des humains que révèle Christian Salmon dans ce livre, au terme d'une longue enquête consacrée aux applications toujours plus nombreuses du storytelling : le marketing s'appuie plus sur l'histoire des marques que sur leur image, les managers doivent raconter des histoires pour motiver les salariés, les militaires en Irak s'entraînent sur des jeux vidéos conçus à Hollywood et les spins doctor construisent la vie politique comme un récit... Christian Salmon dévoile ici les rouages d'une « machine à raconter » qui remplace le raisonnement rationnel, bien plus efficace que toutes les imageries orwelliennes de la société totalitaire.